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ACTE IV, SCÈNE IV. 49

Vers 15. La perfide! Ce jour lui sera le dernier.

Cela n'est pas français. Ce jour est mon dernier jour, et non

pas m'est le dernier jour.

SCÈNE IV.

Jusqu'ici le spectateur n'a été qu'embarrassé et inquiet ; à présent il est ému par l'attente d'un grand événement.

Vers 3. Tout ce que je demande à votre juste haine,

C'est que de tels forfaits ne soient pas impunis.

Cela est dit ironiquement et à double entente, car ni Héra- clius, ni Martian, n'ont commis de forfaits. La figure de l'ironie doit être employée bien sobrement dans le tragique.

Vers 6. Voilà tout mon souhait et toute ma prière: M'en refuserez-vous ?

Cet en était alors en usage dans les discours familiers, témoin ce vers du Cid 1 :

Le roi, quand il en fait, le mesure au courage.

Vers 20 Semant de nos noms un insensible abus,

Fit un faux Martian du jeune Héraclius.

Semer un abus des noms ne peut se dire. Ces expressions, aussi obscures que forcées, se rencontrent souvent; mais la situation empêche qu'on ne remarque ces petites fautes au théâtre. Tous les esprits sont en suspens. Qui des deux est Héraclius ? Qui des deux va périr? Rien n'est plus intéressant ni plus terrible.

Vers 24. Tu fais après cela des contes superflus.

Quoique les expressions les plus simples deviennent quelque- fois les plus tragiques par la place où elles sont, ce n'est pas en cet endroit, c'est quand elles expriment un grand sentiment. Des contes est ignoble.

Vers 23. Si ce billet fut vrai, seigneur, il ne l'est plus.

C'est encore une énigme, ou plutôt un procès par écrit. Il faut au quatrième acte essuyer encore une avant-scène, informer le spectateur de tout ce qui s'est passé autrefois ; mais cette

1. Acte I er , scène vu. 32. — Comm. sur Corneille. II. 4

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