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ACTE III, SCÈNE V. fâ

Vers 53. C'en est trop, Exupère ; aile/, je m'abandonne

Aux fidèles conseils que votre ardeur me donne.

L'ardeur d'Exupère qui donne des conseils !

Vers 57. Je vais sans différer, pour cette grande affaire, Donner à tous mes chefs un ordre nécessaire.

Il n'est pas permis, dans le tragique, d'employer ces phrases qui ne conviennent qu'au genre familier. Ce n'est pas là cette noble simplicité tant recommandée.

Vers 59. Vous, pour répondre aux soins que vous m'avez promis...

Cela n'est pas français. On répond à la confiance, on exécute ce qu'on a promis.

Vers 60. Allez de votre part assembler vos amis.

Il semble parce mot qu'Exupère soit un homme aussi impor- tant que l'empereur, et que Phocas ait besoin de ses amis pour l'aider. Les choses ne se passent ainsi dans aucune cour. Justi- nien n'aurait pas dit, même à un Bélisaire: Assemblez vos amis; on donne des ordres en pareil cas. De cotre part est encore une faute : on peut ordonner de sa part; mais on n'exécute point de sa part; il fallait : Vous, de votre côté, rassemblez vos amis.

Vers 61 . Et croyez qu'après moi, jusqu'à ce que j'expire, Us seront, eux et vous, les maîtres de l'empire.

Ces mots, après moi, et jusqu'à ce que f expire, semblent dire jusqu'il ce que je sois mort, après ma mort. Jusqu'à ce que, mot rude, raboteux, désagréable à l'oreille, et dont il ne faut jamais se servir.

Plus on réfléchit sur cette scène, et plus on voit que Phocas y joue le rôle d'un imbécile à qui cet Exupère fait accroire tout ce qu'il veut.

SCÈNE V.

Cette scène entre Exupère et Amintas est faite exprès pour jeter le public dans l'incertitude. Il s'agit du destin de l'empire, de celui d'Héraclius, de Pulchérie, et de Martian. La situation est violente ; cependant ceux qui se sont chargés d'une entreprise si périlleuse n'en parlent pas; ils disent qu'ils sont en faveur, et qu'ils feront des jaloux; ils parlent d'une manière équivoque, et uniquement de ce qui les regarde. Ces personnages subalternes n'intéressent jamais, et affaiblissent l'intérêtj qu'on prend aux

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