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548 APPENDICE.

Le roi donnait aux acteurs de l'Opéra, quand ils venaient à Versailles, 3 livres 10 sous par jour, une bougie, un pain, etc. ; un demi-louis à chaque actrice et leurs habits.

Lulli donnait à Bérain /i,000 livres d'appointement, après avoir dissous la société avec Vigarani.

Vigarani est le plus grand machiniste qu'ait eu l'Opéra deParis, mais il ne travailla qu'au Triomphe de l'Amour. On ne voulut pas lui donner 8,000 livres par an qu'il demandait.

Bérain, de l'Opéra, dit à l'archevêque Harlay : « Monsei- gneur, je parie 10,000 écus que vous ne donnerez pas une telle abbaye à mon fils? — Parions ! » dit l'archevêque. Bérain eut le bénéfice, et le prélat les 30,000 livres.

M. le duc de Nevcrs fit les paroles d'un opéra nommé Orontèe ; Laurenzani fit la musique. L'opéra fut joué au Petit-Luxembourg et sifflé. On donna de l'argent à Leclerc, pauvre académicien, pour donner son nom à ce malheureux enfant.

Nos tragédies, admirables, mais nos spectacles, ridicules et barbares ; nos salles, ingrates pour la voix ; nulle connaissance, jusqu'à présent, de l'architecture théâtrale.

Quelle honte de n'avoir, pour jouer Mithridate et le Tartuffe, que le jeu de paume de l'Étoile, avec un parterre debout et des petits-maîtres confondus avec les acteurs ! En Hollande même, il y a un théâtre convenable.

L'histoire de la Matrone d'Éphèse se trouve dans un vieux livre chinois.

Le lettré Ouang rencontre une jeune femme éplorée, au bord de la mer ; elle était sur le tombeau de son mari et remuait un grand éventail. « Pourquoi ce travail, madame? — Hélas! mon chermari m'a fait promettre que je nerae remarierais quequandee tombeau serait sec, et je l'éventé pour le sécher. » Ouang raconte cette histoire à sa femme, qui frémit d'horreur et qui lui jure qu'elle ne se servira jamais de l'éventail. Ouang fait une maladie et contrefait le mort; on le met au cercueil. Aussitôt paraît un jeune homme fort joli, qui vient pour étudier chez le lettré, etc. Il plaît, on l'épouse. Il tombe en convulsions ; son vieux valet fait accroire à la dame qu'il faut la cervelle d'un mort pour le guérir, et la bonne femme va fendre la tête à son mari Ouang, qui sort de son tombeau.

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