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II.

��LE COMTE DE BOURSOUFLE

��CONTE i.

��Boursoufle s'était donné la peine de venir au monde. On ne sait pas pourquoi, car il n'était pas attendu par monsieur son père, qui n'y était pour rien, ni par madame sa mère, dont on avait surpris la bonne foi. Elle avait dit à son cousin le chevau- léger : « Prenez bien garde ; monsieur mon époux a des raisons pour ne pas vouloir des enfants; » mais monsieur le chevau-léger avait passé outre.

Fier d'être si bien né, le jeune Boursoufle se gonfla dès ses premières années.

On lui conseilla de lire les anciens et de se pénétrer de la sagesse des sages. Il feuilleta Socrate, qui lui dit de lire dans les astres afin de connaître quelle heure il est aux étoiles; mais Socrate lui dit aussi que l'astronomie était une vaine science, et qu'il est plus utile de connaître les révolutions et les influences de Xantippe que celles des planètes. Socrate lui dit encore qu'il ne fallait pas monter au ciel pour découvrir les secrets de Dieu non plus que les comètes, car ce n'est pas une chose agréable à Dieu de vouloir pénétrer ce qu'il a voulu tenir caché.

1. « Parmi les œuvres inachevées de Voltaire, M. Beuchot signalait un conte ayant pour titre le Comte de Boursoufle. C'est sans doute ce fragment de conte (lue nous imprimons ici. Le titre manque sur la copie. Quelle était la moralité de ce récit? Était-ce une escarmouche contre le droit d'aînesse, une satire contre les mœurs gothiques de quelques vieux châteaux et en même temps contre les mœurs policées de la cour de Louis XV? On pense que ce Boursoufle était un sot duublé d'un fat venu dans un manoir aux environs de Circy, pendant le séjour de Vultaire chez la marquise du Châtelet. Le baron de La Cochonnière et sa fille étaient sans doute des types de la vieille Champagne qui amusaient la belle com- pagnie de la marquise. On dirait d'une comédie ou d'une farce de Molière. Le conte fut-il achevé? on ne peut le dire, car on n'a retrouvé que ce fragment. Peut-être fut-il abandonné pour la comédie. » (Le Dernier Volume des œuvres de Voltaire, IL Pion, 1801.)

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