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POÉSIES ATTRIBUÉES A VOLTAIRE. 433

Remplaçaient à Cirey la jeunesse et l'amour? Dans les bras de la paix, au sein de la sagesse,

Oubliant Versaille et Paris,

Les flatteurs et les beaux esprits,

L'orgueil des grands et leur bassesse, Nous étions seuls, heureux, du moins dans nos écrits.

Pardonne, ombre chère et sacrée,

Si de ton bonheur enivrée, Mon âme quelquefois secoua ses liens;

Par tes transports vainqueurs des miens

Tu vis ma chaîne resserrée; Et si, sur nos beaux jours, tissus par le bonheur, Le caprice a versé l'amertume et l'aigreur, Du moins, après ta mort, tu seras adorée. Vois des arts la troupe éplorée Te suivre en deuil jusqu'au tombeau; Vois l'Hymen et l'Amour éteindre leur flambeau; Vois le cœur même de l'Envie S'ouvrir aux traits de la pitié ; Vois ton cercueil baigné des pleurs de l'amitié; Vois ton époux, errant et détestant la vie, Redemander aux dieux sa fidèle moitié

Admise à la céleste troupe, A la table des dieux où tu bois dans la coupe

Et de Minerve et d'Apollon! Si ton cœur est sensible à l'éclat d'un grand nom, Si mes vœux jusqu'à toi peuvent se faire entendre, Que tu dois t'applaudir d'une amitié si tendre! Je veux que l'univers, dans mes vers t'admirant,

Te confonde avec Uranie ;

Et si quelque censeur impie Rit du culte immortel que ma muse te rend,

Pour confondre la calomnie,

J'aurai Saint-Lambert pour garant.

��32. — Appendice. 28

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