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APPENDICE.

Ces détails feront mieux entendre le fragment de la tragédie. Il est malheureusement peu considérable, mais il nous paraît intéressant sous un double rapport. D’une part, ces vers d’un enfant de douze ans font voir que le génie poétique était, pour ainsi dire, inné dans lui ; et de l’autre, que l’instinct le porta d’abord au genre tragique, dans lequel il devait exceller, et qu’il aima toujours de préférence. S’il lui fit des infidélités passagères (qui ne furent pas sans fruit pour nous), on le vit constamment revenir à ce premier et principal objet de ses travaux, et s’y livrer avec passion pendant soixante et douze ans, depuis Amulius jusqu’à Agathocle.

Les noms des interlocuteurs ne sont point indiqués dans le manuscrit, qui ne contient que les vers. On ajoute ici le nom des personnages, suivant des conjectures assez plausibles. Dans le premier fragment, Amulius s’adresse à un ancien guerrier qui l’a aidé dans son usurpation, et dont rien n’indique le nom. Dans le second, l’auteur, en changeant une circonstance de l’histoire, paraît avoir fait de Faustus, non un pâtre, mais un guerrier, ami du précédent.


FRAGMENT I.
AMULIUS, à un général qui lui parle en faveur de Faustus.

Je vous dois ce pouvoir que la Toscane adore ;
Je veux, pour votre honneur, vous le devoir encore.
Numitor, en nos mains par vous-même livré,
Par deux fils inconnus peut en être tiré.