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ACTE III, SCÈNE II. 335

��ACTE TROISIEME.

SCÈNE II.

Vers II. J'en saurai le coup près d'éclater, le verrai...

Non, puisqu'en moi toujours l'amante te fit peine, Tu le veux, pour te plaire, il faut paroître reine, etc.

Il n'est pas permis de faire de tels vers. Presque tout ce que dit Elisabeth manque de convenance, de force et d'élégance ; mais le public voit une reine qui a fait condamner à la mort un homme qu'elle aime, on s'attendrit : on est indulgent au théâtre sur la versification, du moins on l'était encore du temps de Thomas Corneille.

Vers 53. vous, rois, que pour lui nia (lamine a négligés! Jetez les yeux sur moi, vous êtes bien vengés.

Ce sont là des vers heureux. Si la pièce était écrite de ce style, elle serait bonne, malgré ses défauts: car quelle critique pourrait faire tort à un ouvrage intéressant par le fond, et éloquent dans les détails ?

Vers 66. Doutes-tu qu'il ne veuille implorer ma clémence? Que, sur que mes bontés passent ses attentats...

Ce vers ne signifie rien : non-seulement le sens en est inter- rompu par ces points qu'on appelle poursuivants ; mais il serait difficile de le remplir. C'est une très-grande négligence de ne point finir sa phrase, sa période, et de se laisser ainsi inter- rompre, surtout quand le personnage qui interrompt est un subalterne qui manque aux bienséances eu coupant la parole à son supérieur. Thomas Corneille est sujet à ce défaut dans toutes ses pièces. Au reste, ce défaut n'empêchera jamais un ouvrage d'être intéressant et pathétique ; mais un auteur soigneux de bien écrire doit éviter cette négligence.

Vers 74. Je frémis de le perdre, et tremble à m'y résoudre; Si, me bravant toujours, il ose m'y forcer, Moi reine, lui sujet, puis-je m'en dispenser?

Il me semble qu'il y a toujours quelque chose de louche, de confus, de vague, dans tout ce que les personnages de cette tra- gédie disent et font. Que toute action soit claire, toute intrigue bien connue, tout sentiment bien développé : ce sont là des règles

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