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312 REMARQUES SUR ARIANE.

Vers 17. Ma <œur a du mérite, «'lie est aimable et belle... L'offre de cet hymen rendra sa joie extrême, etc.

sont des expressions trop négligées; mais la scène par elle-même est excellente.

SCÈNE V.

Vers o. Je vous comprends tous deux, vous arrivez d'Athènes.

Ariane tombe dans la même méprise que Bérénice, qui im- pute au trouble de Titus un tout autre sujet que le véritable. Jl vaudrait mieux peut-être qu'Ariane demandât à Pirithoiïs si les athéniens ne s'opposent pas à son mariage avec Thésée, plutôt que de soupçonner tout d'un coup qu'ils s'y opposent : mais enfin cette méprise, ne servant qu'à faire éclater davantage l'amour d'Ariane, intéresse beaucoup pour elle.

Vers 15. Et comment pourroit-il avoir le cœur si bas Que tenir tout de vous et ne vous aimer pas?

Ces deux vers sont imités de ces deux-ci de Sévère dans

Polyeucte 1 :

Un cœur qui vous chérit; mais- quel cœur assez bas Auroit pu vous connoitre et ne vous chérir pas?

Ce mot bas n'est tolérable ni dans la bouche de Sévère, ni dans celle de Pirithoûs. Un homme n'est point du tout bas pour connaître une femme et ne la pas aimer : et ce n'est point à Piri- thoûs à dire que son ami aurait le cœur bas, s'il n'aimait pas Ariane : de plus, ce n'est point une bassesse d'être perfide en amour. Chaque chose a son nom propre, et sans la convenance des termes il n'y a rien de beau.

Vers il Les moindres lâchetés

Sont pour votre grand cœur des crimes détestés.

Cette impropriété de termes déplaît à quiconque aime la jus- tesse dans les discours. Le mot de lâcheté ne convient pas plus que celui de bas : et l'ardeur sans pareille pour la gloire est dé- placé quand il s'agit d'amour. Cette scène ressemble encore à celle où Antiochus vient annoncer à Bérénice qu'elle doit renon- cer à Titus; mais il y a bien plus d'art à faire apprendre le mal- heur de Bérénice par son amant même qu'à faire instruire Ariane de sa disgrâce par un homme qui n'\ a nul intérêt.

\. Acte IV, scène v.

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