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284 REMARQUES SUR BÉRÉNICE.

Vers dero. Moi-même, en ce moment, siis-je si je respire?

Cette scène et la suivante, qui semblent être peu de chose, me paraissent parfaites. Intiochus joue le rôle d'un homme qui est supérieur à sa passion. Titus est attendri et ébranlé comme il doit l'être, et dans le moment le sénat vient le féliciter d'une victoire qu'il craint de remporter sur lui-même. Ce sont des ressorts presque imperceptibles qui agissent puissamment sur l'âme. Il y a mille fois plus d'art dans cette belle simplicité que dans cette foule d'incidents dont on a chargé tant de tragédies. Corneille a aussi le mérite de n'avoir jamais recours à cette malheureuse et stérile fécondité qui entasse événement sur évé- nement ; mais il n'a pas l'art de Racine, de trouver dans l'inci- dent le plus simple le développement du cœur humain.

��ACTE CINQUIEME.

SCENE 1.

Vers oo. Lisez, ingrat ! lisez, et me laissez sortir.

Titus lisait tout haut cette lettre à la première représentation. Un mauvais plaisant dit que c'était le testament de Bérénice. Racine en fit supprimer la lecture. On a cru que la vraie raison était que la lettre ne contenait que les mêmes choses que Béré- nice dit dans le cours de la pièce.

SCÈNE VII ET DERNIÈRE.

Vers der il. Pour la dernière fois, adieu, seigneur. — Hélas!

Je n'ai rien à dire de ce cinquième acte, sinon que c'est en son genre un chef-d'œuvre, et qu'en le relisant avec des yeux ["sévères, je suis encore étonné qu'on ait pu tirer des choses si louchantes d'une situation qui est toujours la même; qu'on ait trouvé encore de quoi attendrir, quand on paraît avoir tout dit; que même tout paraisse neuf dans ce dernier acte, qui n'est que le résumé des quatre précédents : le mérite est égal à la diffi- culté, et cette difficulté est extrême. On peut être un peu choqué qu'une pièce finisse par un hélas ! Il fallait être sûr de s'être rendu maître du cœur des spectateurs pour oser finir ainsi.

Voilà, sans contredit, la plus faible des tragédies de Racine

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