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ACTE IV, SCÈNE VII.

Car enfin, ma princesse, il faut nous séparer.

— Eh bien! soigneur, eh bien ! qu'en peut-il arriver ? Vous ne comptez pour rien les pleurs de Bérénice.

— Je les compte pour rien! Ah ciel! quelle injustice!

Tout cela me paraît petit; je le dis hardiment, et je suis, en cela seul, de l'opinion de Saint-É vrema pd , qui dit en plusieurs endroits que les sentiments dans nos tragédies ne sont pas assez profonds, que le désespoir n'y est qu'une simple douleur, la fureur un peu de colère.

SCÈNE VI.

Vers 17. Moi-même je me hais. Néron, tant détesté, N'a point à cet excès poussé sa cruauté.

Autre exagération puérile. Quelle comparaison y a-t-il à faire d'un homme qui n'épouse point sa maîtresse à un monstre (fui fait assassiner sa mère ?

Vers 20. Allons, Rome en dira ce qu'elle en voudra dire.

— Ouoi, seigneur! — Je ne sais, Paulin, ce que je dis.

Dire et dis font un mauvais effet. Je ne sais ce que je dis est du style comique, et c'était quand il se croyait plus austère que Brutus, et plus cruel que Néron, qu'il pouvait s'écrier : Je ne sais ce que je dis.

Vers 27. Et le peuple, élevant vos vertus jusqu'aux nues, Va partout de lauriers couronner vos statues.

Élevant vos vertus, etc. ; ni cette expression, ni cette caco- phonie, ne semblent dignes de Racine. Versdern. Pourquoi suis-je empereur? pourquoi suis-je amoureux?

Tous ces actes finissent froidement, et par des vers qui ap- partiennent plus à la haute comédie qu'à la tragédie. Il ne doit pas demander pourquoi il est empereur. Amoureux est d'une idylle; amoureux est trop général. Pourquoi dois-je quitter ce que je dois adorer? Pourquoi suis-je forcé à rendre malheureuse celle qui mérite le moins de l'être ? C'est là (du moins, je le crois) le sentiment qu'il devait exprimer.

SCÈNE VII.

Vers 3. Elle n'entend ni pleurs, ni conseil, ni raison.

Ce mot pleurs, joint avec conseil et raison, sauve l'irrégularité du terme entendre. On n'entend point des pleurs ; mais ici n'en- tend signifie ne donne point attention.

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