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ACTE I, SCÈNE IV. 1 ( J

Comment dissipe-t-on un foudre par un hymen? Toute méta- phore, encore une fois, doit être juste. Dissiper ce foudre n'est là que pour rimer à résoudre. Ce style est trop négligé.

Vers 37. Que la vertu du fils, si pleine et si sincère...

Une vertu pleine et sincère n'est pas le mot propre ; une vertu n'est ni pleine ni vide.

Vers 38. Vainque la juste horreur que vous avez du père.

Vainque est trop rude à l'oreille ; horreur de est permis en vers.

Vers 39. Et pour mon intérêt n'exposez pas tous deux...

Martian, cru Léonce, amoureux de Pulcliérie, veut ici que Pulchérie épouse Héraclius, cru Martian, amoureux d'Eudoxe. Je remarquerai, à cette occasion, que toutes les fois qu'on cède ce qu'on aime, ce sacrifice ne peut faire aucun effet, à moins qu'il ne coûte beaucoup : ce sont ces combats du cœur qui forment les grands intérêts ; de simples arrangements de mariage ne sont jamais tragiques, à moins que, dans ces arrangements mêmes, il n'y ait un péril évident et quelque chose de funeste, ^expose: pas tous deux n'est pas français ; il faut Ne les exposez pas tous deux.

Vers 51 . C'est Martian en lui que vous favorisez.

Cela veut dire, pour le spectateur, qu'Héraclius, cru Martian, voit dans Léonce un autre lui-même; et cela veut dire aussi, dans l'esprit de l'auteur, que Léonce est le vrai Martian : c'est ce qui se débrouillera par la suite, et ce qui est ici un peu em- brouillé ; mais un spectateur bien attentif peut aimer à deviner cette énigme.

Vers 52. Opposons la constance aux périls opposés.

Cet opposés est de trop ; c'est une figure de mots inutile ; de plus, ce n'est pas le mot propre : les périls menacent, les obstacles

s'opposent.

Vers 54. Et si je n'en obtiens la grâce tout entière...

Je deviens le plus grand de tous ses ennemis.

Ce premier vers est obscur : il va trouver Phocas, et 5'// n'en obtient la grâce; il semble que ce soit la grâce de Phocas. Il eût fallu dire aussi ce que c'est que cette grâce tout entière, puisqu'on n'a pas encore parlé de grâce.

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