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ACTE CINQUIEME.

Le cinquième acte est absolument dans le goût des quatre premiers, et fort au-dessous d’eux ; aucun personnage n’agit, et tous discutent. Le vieux Galba, ayant menacé sa nièce, discute avec elle ses raisons, et se trompe, comme un vieillard de comédie qu’on prend pour dupe; et le style n’est ni plus net, ni plus pur, ni plus noble que dans ce qu’on a déjà lu.

SCËAE II.

Vers 3 Ceux de la marine et les Illyriens

Se sont avec chaleur joints aux prétoriens, etc.

Après tous les mauvais vers précédents que nous n’avons point repris, nous ne dirons rien des soldats de la marine et des Illyriens qui se sont avec chaleur joints aux prétoriens; mais nous remarquerons que cette scène pouvait être aussi belle que celle d’Auguste, de Cinna, et de Maxime, et qu’elle n’est qu’une scène froide de comédie. Pourquoi ? C’est qu’elle est écrite de ce style familier, bas, obscur, incorrect, auquel Corneille s’était accoutumé ; c’est qu’il n’y a ni noblesse dans les sentiments, ni éloquence dans les discours, ni rien qui attache.

On a dit quelquefois que Corneille ne cherchait pas à faire de beaux vers, que la grandeur des sentiments l’occupait tout entier ; mais il n’y a nulle grandeur dans aucune de ses dernières pièces, et quant aux vers, il faut les faire excellents, ou ne se point mêler d’écrire. Cinna ne passe à la postérité qu’à cause de ses beaux vers : ils sont dans la bouche de tous les connaisseurs. Le grand mérite de Corneille est d’avoir fait de très-beaux vers dans ses premières pièces, c’est-à-dire d’avoir exprimé de très-belles pensées en vers corrects et harmonieux 1 .

Vers 31. Un salutaire avis agit avec lenteur...

— Qu’un prince est malheureux quand de ceux qu’il écoute Le zèle cherche à prendre une diverse route !

Galba dit : Eh bien ! quelles nouvelles ? Cet empereur, au lieu d’agir comme il le doit, demande ce qui se passe, comme un

1. Palissot trouve encore que c’est par une affectation maligne de circonscrire le génie de Corneille que Voltaire cite toujours Cinna. et uniquement Cinna. Hé ! il ne pouvait pourtant pas citer le Cid ni Polyeucte à propos d’Othon. (G. A )