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250 REMARQUES SUR OTIÏON".

La pièce commence à faiblir dès cette seconde scène. On voit trop que la tragédie ne sera qu'une intrigue de cour, une cabale pour donner un successeur à Galba. C'est là de quoi fournir une douzaine de lignes à un historien, et quelques pages à des écri- vains d'anecdotes; mais ce n'est pas là un sujet de tragédie. Othon est beaucoup moins théâtral que Sophonisbe, et bien moins heureux encore que Sertorius. Agèsilas, qui suit, est moins théâ- tral encore qa'Othon. Le succès est presque toujours dans le sujet: ce qui le prouve, c'est que Théodore, Sophonisbe, la Toison d'or, Pertharite, Othon, Agèsilas, Surinn, Pulchèrie, lu nuire, Attila, pièces que le public a proscrites, sont écrites à peu près du même style que Rodogune, dont on revoit le cinquième acte et quelques autres morceaux: avec tant de plaisir. Ce sont quelquefois les mêmes beautés, et toujours les mêmes défauts dans l'élocution. Partout vous trouverez des pensées fortes et des idées alambiquées, de la hauteur et de la familiarité, de l'amour mêlé de politique, quelques vers heureux, et beaucoup de mal faits, des raisonne- ments, des contestations, des bravades. Il est impossible de ne pas reconnaître la même main. D'où peut donc venir la diffé- rence du succès, si ce n'est du fond même du dessin ? Les défauts de style, qui ne se remarquent pas dans le beau spectacle du cinquième acte de Rodogune, se font sentir quand le sujet ne les couvre pas, quand l'esprit du spectateur refroidi a la liberté d'examiner la diction, l'inconvenance, l'irrégularité des phrases, les solécismes. Je sais bien qu'OEdipe était un -très-beau sujet; mais ce n'est pas le sujet de Sophocle que Corneille a traité, c'est l'amour de Thésée et de Dircé, mêlé avec la fable d'OEdipe; c'est une froide politique, jointe à un froid amour, qui rend tant de pièces insipides.

« Une fille qui fait prendre intérêt en toute la famille ; des devoirs dont s'empresse un amant ; Galba qui refuse son ordre à l'effet de nos vœux ; de l'air dont nous nous regardons ; une vérité qu'on voit trop manifeste ; du tumulte excité ; Vitellius qui arrive avec sa force unie; ce qu'il a de vieux corps ; de qui se l'immola; ramener les esprits par un jeune empereur; il ira du côté de Lacus ; il a remis exprès à tantôt d'en résoudre ; ces grands jaloux; un œil bas; une princesse qui s'est mise à sou- rire; » tout cela est à la vérité très-défectueux. Le fond du dis- cours de Vinius est raisonnable ; mais ce n'est pas assez.

Vers 87 Il est d'autres Romains,

Seigneur, qui sauront mieux appuyer vos desseins... Et qui seront ravis de vous devoir l'empire.

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