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REMARQUES SUR OTHON

��TRAGÉDIE REPRÉSENTÉE EN 16G5 '.

��PRÉFACE DU COMMENTATEUR.

Il ne faut guère en croire sur un ouvrage ni l'auteur, ni ses amis, encore moins les critiques précipitées qu'on en fait dans la nouveauté. En vain Corneille dit, dans sa préface, que cette pièce égale ou passe la meilleure des siennes ; en vain Fontenelle fait l'éloge d' Othon : le temps seul est juge souverain ; il a banni cette pièce du théâtre. Il y en a sans doute une raison qu'il faut cher- cher ; je n'en connais point de meilleure que l'exemple de Bri- tcmnicus. Le temps nous a appris que quand on veut mettre la politique sur le théâtre, il faut la traiter comme Racine, y jeter de grands intérêts, des passions vraies, et de grands mouvements d'éloquence, et que rien n'est plus nécessaire qu'un style pur, noble, coulant et égal, qui se soutienne d'un bout de la pièce à l'autre. Voilà tout ce qui manque à Othon.

Avouons que cette tragédie n'est qu'un arrangement de fa- mille ; on ne s'y intéresse pour personne ; il est beaucoup parlé d'amour, et cet amour même refroidit le lecteur. Lorsque ce ressort, qui devrait attacher, a manqué son effet, la pièce est perdue.

Il est dit dans YHistoirc du Théâtre' 1 , à l'article Othon, que Cor- neille refit trois fois le cinquième acte : j'ai de la peine à le croire ; mais si la chose est vraie, elle prouve qu'il fallait le re- faire une quatrième fois, ou plutôt qu'il était impossible de tirer un cinquième acte intéressant d'un sujet ainsi arrangé. Corneille ne refit pas trois fois la première scène du premier acte, qui est pleine de très-grandes beautés. Quand le sujet porte l'auteur, il

��1. Othon fut joué en novembre 166L

2. Des frères Parfaict.

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