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246 REMARQUES SUR SOPIIONISBE.

avons déjà remarqué combien il faut craindre, en cherchant le simple, de tomber dans le comique et dans le bas.

SCÈNE V.

[Fin de la scène.) Cette fin de la pièce est, quant au fond, très- inférieure à celle de Mairet : car du moins Massinisse, dans Mairct, est au désespoir; il montre aux Romains sa femme expi- rante, et il se tue auprès d'elle; mais ici Sopbonisbe parle de Massinisse comme du dernier des hommes, et cet homme si méprisé épouse Éryxe. La pièce de Corneille finit donc par le mariage de deux personnages dont personne ne se soucie ; et Corneille a si bien senti combien Massinisse est bas et odieus qu'il n'ose le faire paraître : de sorte qu'il ne reste sur la scène qu'un Lœlius qui ne prend nulle part au dénoûment, la froide Éryxe, et des subalternes.

SCÈNE VIII ET DERNIÈRE.

Vers 37. Elle meurt à mes yeux, mais elle meurt sans trouble, Et soutient, en mourant, la pompe d'un courroux Qui semble moins mourir que triompher de nous.

La pompe d'un courroux qui semble moins mourir que triompher ! On voit assez que c'est là de l'enflure dépourvue du mot propre, et qu'un courroux n'est pas pompeux. Éryxe répond avec no- blesse et avec convenance. Il eût été à désirer que la pièce finît par ce discours d'Éryxe, ou que Lœlius eût mieux parlé : car qu'importe qu'on aille voir Scipion et Massinisse?

Yersdern. Madame, encore un coup, laissons-en faire au temps

n'est pas une fin heureuse. Les meilleures sont celles qui laissent dans l'âme du spectateur quelque idée sublime, quelque maxime vertueuse et importante, convenable au sujet; mais tous les sujets n'en sont pas susceptibles.

On n'a point remarqué tous les défauts dans les détails, que le lecteur remarque assez. La pièce en est pleine; elle est très- froide, très-mal conçue, et très-mal écrite.

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