Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome32.djvu/225

Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE III, SCÈNE IV. «45

Vers 109 Ce peu que j'y rend- de vaine déférence,

Jaloux du vrai pouvoir, ne sert qu'en apparence.

Le peu de déférence qui est jaloux il" pouvoir et qui sert en rence est un galimatias qui n'est pas français.

Vers 12i. Me voulez-vous, seigneur? Ne me voulez-vous pas?

C'est un vers de comédie qui avilit tout ; et ce vers est le pré- cis de toute la scène.

Vers 133. Sertorius sait vaincre, et garder ses conquêtes. — La vôtre, à la garder, coûtera bien des têtes *.

La vôtre, etc., est un vers de Nicomede, qui est bien plus à sa place dans Nicomede qu'ici, parce qu'il sied mieux à Nicomede de braver son frère qu'à Pompée de braver sa femme.

Vers 151 . Ah! c'en est trop, madame, et de nouveau je jure...

Ce vers fait bien connaître à quel point cette scène de politique amoureuse était difficile à faire. Quand on répète ce qu'on a déjà dit, c'est une preuve qu'on n'a rien à dire.

Vers 160. Me punissent les dieux que vous avez jurés, Si, passé ce moment, et hors de votre vue, Je vous garde une foi que vous avez rompue!

Il faudrait au moins qu'elle fût sûre d'épouser Sertorius pour parler ainsi.

Vers 104. Éteindre un tel amour! — Vous même l'éteignez.

Si Pompée est en effet si amoureux, il n'a pas dû se séparer d'Aristie ; et s'il n'a pas une passion violente, tout ce qu'il dit de cet amour refroidit au lieu d'échauffer.

Versdern. Adieu donc pour deux jours. — Adieu pour tout jamais.

Pour jamais est bien plus fort que pour tout jamais. Ce dia- logue pressé, rapide, coupé, est souvent dans Corneille d'une grande beauté. Il ferait beaucoup d'effet entre deux amants ; il n'en fait point entre un mari et une femme qui ne sont pas dans une situation assez douloureuse. Il était impossible de faire d'un tel sujet une véritable tragédie. Les demi-passions ne réussissent jamais à la longue, et les intérêts politiques peuvent tout au plus produire quelques beaux vers qu'on aime à citer. La seule scène

1. On lit dans Nicomede, acte I er , scène u :

La place à l'emporter coùteroit bien des tètes.

�� �