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192 REMARQUÉS Sl'li SERTORIUS.

stylo familier. 11 y a dans Polyeucte : Vous n'êtes pas homme à la vio- lenter 1 ; mais un grand homme à faire quelque chose ne peut se dire. Souvenez-vous qu'elle veut un grand homme est beau, mais un grand homme a recevoir une foi ne l'orme point un sens; vouloir à est encore plus vicieux.

Vers 127.. . . J'y vais préparer mon reste de pouvoir.

On ne prépare point un pouvoir. Elle veut dire qu'elle va se préparer à regagner Pompée, ce qui n'est pas bien flatteur pour Sertorius.

Vers 128. Moi, je vais donner ordre à le bien recevoir.

C'est ainsi qu'on pourrait finir une scène de comédie. Rien n'est plus difficile que de terminer heureusement une scène de politique.

Vers 12U. Dieux, souffrez qu'à mon tour avec vous je m'explique.

On ne doit, ce me semble, s'adresser aux dieux que dans le malheur ou dans la passion. C'est là qu'on peut dire nec deus intersit nisi dignus*; mais qu'il s'explique avec les dieux comme avec quelqu'un à qui il parlerait d'affaires! Le mot s'expliquer n'est pas le mot propre : et que dit-il aux dieux ? Que c'est un sort cruel d'aimer par politique; et que les intérêts de ce sort cruel sont des malheurs étranges, s'ils font donner la main quand le cœur est ailleurs. C'est en effet la situation où Sertorius et Aristie se trouvent ; mais on ne plaint nullement un vieux soldat dont le cœur est ailleurs. Il y a dans cet acte de beaux vers et de belles pensées; mais tout est affaibli par le peu d'intérêt qu'on prend à la pré- tendue passion du héros et aux offres que lui fait Aristie, et sur- tout par le mauvais style.

��ACTE DEUXIEME.

��SCÈNE I.

Vers 3. . . . L'exil d'Arislie, enveloppé d'ennuis, Est prêt à l'emporter sur tout ce que je suis. En vain de mes regards l'ingénieux langage Pour découvrir mon cœur a tout mis en usage.

1. Cotte phrase n'esl pas dans Polyeucte, mais dans Cinna, acte II, scène n. •2. Horace, Art poétique, 191.

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