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166 REMARQUES SU1 CED1PE.

il y aurait de plus belles choses à dire pour l'opinion contraire à celle de Thésée. Les idées de ta toute-puissance divine, l'in- flexibilité du destin, le portrait de la faiblesse des \ils mortels, auraient fourni des images i'orles et terribles. Il y en a quelques- unes dans Sophocle.

��ACTE QUATRIÈME.

��SCÈNE T.

Tout retombe ici dans la langueur. Ce n'est pins ce Thésée qui croyait être fils de Laïus ; il avoue que tout cela n'est qu'un stratagème. Ces malheureuses finesses détournent l'esprit dePobjel principal; on ne s'intéresse pi us à rien. Les grandes idées du salut public, de la découverte du meurtrier de Laïus, de la destinée d'OEdipe, des crimes involontaires auxquels il ne peut échapper, sont toutes dissipées ; à peine a-t-il attiré sur lui l'attention ; il ne peut plusse ressaisir du cœur des spectateurs, qui l'ont oublie. Cor- neille a voulu intriguer ce qu'il fallait laisser dans sa simplicité majestueuse : tout est perdu dès ce moment, et Thésée n'est plus qu'un personnage intrigant, qu'un valet de comédie, qui a ima- giné un très-plat mensonge pour tirer la pièce en longueur. Il est très-inutile de remarquer toutes les fautes de diction, et le style obscur, entortillé, de toutes ces scènes où Thésée joue un si froid et si avilissant personnage. Nous avons déjà vu que toutes les scènes qui pèchent par le fond pèchent aussi par le style l .

SCÈNE IL

Il semble qu'alors on se fît un mérite de s'écarter de la noble simplicité des anciens, et surtout de leur pathétique. Jocaste vient ici conter froidement .une histoire, sans faire paraître au- cune de ces terribles inquiétudes qui devaient l'agiter. Elle parle d'un passant inconnu qui se chargea d'élever son fils sans de- mander qui était cet enfant, et sans vouloir le savoir : un Phae- dime savait qui était cet enfant, mais il est mort de la peste: ainsi, dit-elle, vous pouvez i'être, et ne le pas être. Tout cela est

��1. Voyez Remarques sur Pompée, acte 11. scèue m. el V, h; sur Théodore, acte III. scène ni.

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