ACTE IV, SCÈNE III. 131
Cette expression des abois, qui par elle-même n'est pas noble, n'est plus d'usage aujourd'hui. Un esprit léger qui approche des abois est une impropriété trop grande.
Vers t24. Je ne demande point que par compassion A r ous assuriez un sceptre à ma protection.
Le sens n'est pas assez clair ; elle veut dire que ma protection assure le sceptre à mon fils.
Vers 1 30. Je n'aime point si mal que de ne vous pas suivre Sitôt qu'entre mes bras vous cesserez de vivre.
Cela n'est pas français ; il fallait Je vous aime trop pour ne vous pas suivre; ou plutôt, il ne fallait pas exprimer ce sentiment, qui est admirable quand il est vrai, et ridicule quand il est faux.
Vers 13 1 Oui, seigneur, cette heure infortunée
Par mes derniers soupirs clora ma destinée.
Clore, clos, n'est absolument point d'usage dans le style tra- gique. L'intérêt devrait être pressant dans cette scène, et ne l'est pas : c'est que Prusias, sur qui se fixent d'abord les yeux, partagé entre une femme et un fils, ne dit rien d'intéressant ; il est même encore avili. On voit que sa femme le trompe ridiculement, et que son fils le brave. On ne craint rien au fond pour Nicomède ; on méprise le roi, on liait la reine.
Vers 148. tl sait tous les secrets du fameux Annibal.
Il sait tous les secrets est une expression bien basse, pour si- gnifier il est l'élève du grand Annibal; il a été forme par lui dans l'art de la guerre et de la politique. Arsinoé parle avec trop d'ironie, et laisse peut-être trop voir sa haine dans le temps qu'elle veut la dissimuler.
SCÈNE III.
Vers 1 . Nicomède, en deux mots, ce désordre me fâche.
Le mot fâcher est bien bourgeois. Ce vers comique et trivial jette du ridicule sur le caractère de Prusias, et fait trop aperce- voir au spectateur que toute l'intrigue de cette tragédie n'est qu'une tracasserie.
Vers 4. Et tâchons d'assurer la reine qui te craint.
Le mot d'assurer n'est pas français ici ; il faut de rassurer. On assure une vérité ; on rassure une âme intimidée.
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