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94 REMARQUES SDB NICOMÈDE.

plus fortes preuves du génie de Corneille, et je ne suis pas étonné de l'affection qu'il avail pour elle. Ce genre est non-seulement le moins théâtral de tous, mais le pins difficile à traiter. 11 n'a point cette magie qui transporte l'âme, comme le dit si bien Horace :

111e per extentum funera mini possc videtur

Ire poeta meum qui pectus inaniter angit,

Irritât, mulcet, falsis terroribus implet

l"l magus; et modo me Thebis, modo ponit Adienis.

(Hob., Bp. i, lib. II, vers -216-19 )

Ce genre de tragédie ne se soutenant point par un sujet pa- thétique, par de grands tableaux, parles fureurs des passions, l'auteur ne peut qu'exciter un sentiment d'admiration pour le héros de la pièce. L'admiration n'émeut guère l'âme, ne la trouble point. C'est de tous les sentiments celui qui se refroidit le plus tôt. Le caractère de Nicomède avec une intrigue terrible, telle que celle de Rodogune, eût été un chef-d'œuvre.

��ACTE PREMIER.

SCÈNE I.

Vers 1. Après tant de haut faits, il m'est bien doux, seigneur, De voir encor mes yeux régner sur votre cœur.

On ne voit point ses yeux. Cette figure manque un peu de justesse ; mais c'est une faute légère. •

Vers 3. De voir sous les lauriers qui vous couvrent la tête....

Ce vous rend l'expression trop vulgaire. Je me suis couvert !" tête; vous vous êtes fait mal au pied. Il faut chercher des tours plus nobles. Rarement alors on s'étudiait à perfectionner son style.

Vers 4. Un si grand conquérant être encor ma conquête. Corneille paraît affecitonner ces vers d'antithèse :

Ce qu'il doit au vaincu brûlant pour le vainqueur. Et pour être vaincu l'on n'est pas invincible. J'irai sous mes cyprès accabler ses lauriers.

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