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REMARQUES

SUR NICOMÈDE

TRAGÉDIE REPRÉSENTÉE EN 165 7 ! .

��PRÉFACE DU COMMENTATEUR.

Nicomède est dans le goût de Don Sanchc d'Aragon. Les Espa- gnols, comme on l'a déjà dit 2 , sont les inventeurs de ce genre, qui est une espèce de comédie héroïque. Ce n'est ni la terreur ni la pitié de la vraie tragédie : ce sont des aventures extraordi- naires, des bravades, des sentiments généreux, et une intrigue dont le dénoûment heureux ne coûte ni de sang aux personnages ni de larmes aux spectateurs. L'art dramatique est une imitation de la nature, comme l'art de peindre. Il y a des sujets de pein- ture sublimes, il y en a de simples ; la vie commune, la vie cham- pêtre, les paysages, les grotesques même, entrent dans cet art. Raphaël a peint les horreurs de la mort, et les noces de Psyché. C'est ainsi que dans l'art dramatique on a la pastorale, la farce, la comédie, la tragédie, plus ou moins héroïque, plus ou moins terrible, plus ou moins attendrissante.

Lorsqu'on rejoua, en 1756, Nicomède, oubliée pendant plus de quatre-vingts ans 3 , les comédiens du roi ne l'annoncèrent que sous le titre de tragi-comédie 4 . Cette pièce est peut-être une des

1. C'est la date donnée par Voltaire dans ses éditions de 1764 et 1774; les frères Parfaict disent 1652. Mais la pièce était imprimée dès 1651 ; l'achevé d'im- primer de la première édition est du 29 novembre 1651. La première représenta- tion est donc de 1651, et peut-être même de 1650.

2. Page 82.

3. C'est Lekain qui fit reprendre cette pièce. Il était admirable dans le rôle de Nicomède.

4. « Voltaire devait ajouter, dit Palissot, qu'elle reparut d'une manière si brillante que bientôt on ne lui donna plus sur les affiches que le titre de tragédie, titre que Corneille lui avait donné dans son origine. »

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