Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome31.djvu/596

Cette page n’a pas encore été corrigée

586 KK.MAIIQUES SUR HODOGUNE.

Vers 89. Mais ce n'est [n\s de vous qu'il faut <\[U' je l'attende.

Poui-quoi ra-t-ellc donc dcinandù'.' Tuutes ces coiitfadictions sont la suite de cette proposition révoltante qu'elle a faite d'as- sassiner sa belle-mère : une faute en attire cent autres.

Vers 93. Et je n'estime pas l'honneur d'une vengeance Jusqu'à vouloir d'un crime être la récompense.

Y a-t-il de l'honneur dans cette venj^eance? Elle change à présent d'avis; elle ne voudrait plus d'Antiochus, s'il avait tué sa mère : ce n'est pas là assurément le caractère qu'exigent Horace et Boileau :

Qu'en tout avec soi-même il se montre d'accord, Et qu'il soit jusqu'au bout tel (ju'on l'a vu d'abord '.

Vers 103. Attendant son secret vous aurez mes désirs, Et s'il le fait régner, vous aurez mes soupirs.

Elle voulait tout à l'heure tuer Cléopàtre, et à présent elle lui est soumise : et qu'est-ce qu'un secret qui fait régner?

Vers 112. Je mourrai de douleur, mais je mourrai content.

Il est assurément impossible de mourir affligé et content.

Vers 115. Mon amour. . . Mais adieu, mon esprit se confond.

Voilà encore Rodogune qui se recueille pour dire qu'elle est troublée, qui fait une pause pour dire qu'elle se confond. Tou- jours cette grossière finesse, toujours cet art qui manque d'art.

Vers 1 17. Si vous n'êtes ingrat à ce cœur ((ui vous aime

n'est pas français : on dit ingrat envers (jiiciqu'un, et non ingrat à quelqu'un.

J'ai déjà remarqué ailleurs- qu'ingrat vis-à-vis de quelqu'un est une de ces mauvaises expressions qu'on a mises à la mode depuis quelque temps. Presque personne ne s'étudie à bien parler sa langue.

\'ers dern. Ne me revoyez point qu'a\ec le diadème ^

n'est pas français; il faut m- me revoyez qu'avec.

1. Boileau, Art piièlique, III, 123-120. C'c^il une imiixtion des vers d'Horace, De Arte poetica, 12C-127.

2. Pa.se 4i0.

�� �