Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome31.djvu/584

Cette page n’a pas encore été corrigée

574 RKMAKOUES SUR UODOGUNK.

Vers 88. Je crains d'en l'aire deux si le mien se déclare.

Elle craint d'en faire deux. On ne sait, par la construction, si c'est deux heureux ou deux mécontents; le mien veut dire mon cœur. Toute cette tirade est un peu embrouillée.

Vers 90. Je liendrois à bonheur d'être à l'un de vous deux.

Tenir a bonheur est une façon de parler de ce temps-là ; mais la belle poésie ne l'a jamais admise.

Vers 93. Savcz-vous quels devoirs, (|uels travaux, quels services, Voudront de mon orgueil exiger les caprices?

11 est bien étrange qu'elle se serve de ce mot, et qu'elle appelle caprice l'abominable proposition (ju'elle va faire.

Vers 97. Par (|uels degrés de gloire on me peut mériter?

Elle appelle un parricide dcgri: de (jlulre : si elle parle sérieuse- ment, elle dit une chose aussi affreuse que fausse ; si c'est une ironie, c'est joindre le comique à l'horreur.

Vers 99. Ce cœur vous est acquis après le diadème,

Princes; mais gardez-vous de le rendre à lui-même.

Ces idées et ces expressions ne sont pas nettes. Cœur acquis après le diadème! Elle veut dire-, je dois moji cœur à celui qui, étant roi , sera mon époux. Rendre à lui-même veut ûive : gardez-vous de faire dépendre la couronne du service que je vais exiger de vous.

Vers 103. Quels seront les devoirs, iiuels travaux, quels services, Dont nous ne vous fassions d'amoureux' sacrifices ?

On peut faire un sacrifice de son devoir, de ses sentiments, de sa vie, et non de ses travaux et de ses services; mais c'est par des services et des travaux qu'on fait des sacrifices : et quelle expression que des sacrifices amoureux!

Vers 105. Et quels affreux périls pourrons-nous redouter. Si c'est par ces degrés qu'on peut vous mériter ?

Des périls ne sont point des degrés ; on ne mérite point par des degrés : tout cela est écrit barbarement.

Vers 116. J'obéis à mon roi, j)uisqu'un de vous doit lètrc.

N'est-il pas étrange que Rodogune prenne le prétexte d'obéir à son roi pour demander la tête de la mère de ce roi? Comment peut-elle attester tous les dieux qu'elle est contrainte par les deux enfants à leur faire cette proposition ? Ces subtilités sont-

�� �