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ACTE II, SCI:NK I. 52li

scÈM-: III.

Corneille avoue la faiblesse et la lâcheté de Valens; mais com- inont ne sentait-il pas que le rôle de Marcelle révoltait encore davantage?

Vers 13. De ce feu turljulenl rL'clal impétueux

N'est qu'un foible avorton d'un cœur présomptueux.

Si on assemblait des mots au hasard, il est à présumer qu'ils ne s'arrangeraient pas plus mal.

SCÈNE V.

Vers dern. Jetez un peu de haine où règne tant d'amour.

Je ne parle pas des termes impropres, des locutions vicieuses, dont cette pièce fourmille. Je laisse à part ces vers barbares :

Si son ordre n'agit, l'efTet ne s'en peut voir, Et je pense être quitte y faisant mon pouvoir. Faire votre pouvoir avec tant d'indulgence... Déployez-la, madame, à le faire haïr, etc., etc.

Mais il faut avouer que lualhoureusemcnt de cent tragédies françaises il y en a quatre-vingt-dix-huit fondées sur un mariage qu'une des parties veut, et que l'autre ne veut pas. C'est l'intrigue de toutes les comédies. C'est une uniformité qui fait tout languir. Les femmes, dit-on, qui fréquentent nos spectacles, et qui seules y attirent les hommes, ont réduit tous les auteurs à ne marcher que dans ce chemin, qu'elles leur ont tracé, et Racine seul est parvenu à répandre des fleurs sur cette route trop commune et à embellir cette stérilité misérable. Il est à croire que le génie de Corneille aurait pris une autre voie s'il avait pu secouer le joug: si l'on avait représenté la tragédie ailleurs que dans un vil jeu de paume, où les courtauds de boutique allaient pour cinq sous ; si la nation avait eu quelque connaissance de l'antiquité ; si Paris avait pu alors avoir quelque chose d'Athènes.

��ACTE DEUXIEME.

SCÈNE I.

Vers t . Marcelle n'est pa^; loin, et je me persuade

Que son amour l'attache auprès de sa malade.

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