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300 REMARQUES SUR LE MENTEUR.


Vers 9. Je me suis souvenu d'un secret (luc loi-mùmc

Me donnois hiei- puur grand, pour rare, pour suprême.

Un secret suprême! \oi\'d à quoi l'esclavage de la rime réduit trop souvent les auteurs; on emploie les mots les plus impropres, parce qu'ils riment. C'est le plus grand défaut de notre poésie. Il vaut mieux rejeter la plus belle pensée que de la mal exprimer.

Vers 1 4. Je sais ce qu'est Lucrèce, elle est sage et discrète. D'où le sait-il, lui qui arriva hier de Poitiers*?

Vers lo. A lui faire présent mes efforts seroient vains.

Il faut dire faire un présent, ou faire présent de quelque chose.

Vers 2.\. Si celle-ci venoit qui m'a rendu sa lettre

n'est pas français. Il faudrait celle-là, ou celle. Celle ne doit point se séparer du qui; mais ce n'est qu'une petite faute.

Vers 30. Mais, monsieur, attendant que Sabine survienne, Et que sur son esprit vos dons fassent vertu, Il court quelque bruit sourd qu'Alcippe s'est battu.

On dit se faire une vertu, faire une vertu d'un vice; mais faire vertu, quand il signifie faire effet, n'est plus d'usage, et faire vertu sur quelque chose est un barbarisme.

SCENE III.

Vers 4. Avec ces qualités j'avois lieu d'espérer

Qu'assez malaisément je pourrois m'iMi parer.

Dans ces deux vers, que Cliton répète ici après les avoir dits à la fin du second acte, on peut remarquer qu'espérer, ne se prenant jamais en mauvaise part, ne peut pas servir de synonyme à craindre, et qu'ici l'expression n'est point juste.

Vers 4 8. Et je n'ai point appris qu'elle eût tant d'efficace.

Efficace, pris comme substantif, n'est plus d'usage; on dit efficacité, ou plutôt on se sert d'un autre mot.

1. Palisssot remarque qu'il le sait de Cliton lui-même, à qui il a donné ordre de s'en informer à la vu scène du II" acte, et qui lui en a rendu compte à la IV' SL'ènc (lu Ml*".