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ACTE y, SCÈNE I. 471

Oarnicr, et admirablement dans Corneille. L'expression fait la poésie.

Vers 23. Et je n'entrerai point dans tes nuirs désolés

Que le prOIre et le dieu ne lui soient immolés.

Peut-être le prêtre et le dieu sont peu convenables à la vraie douleur. Elle a dit que la cendre de Pompée est son seul dieu: et puis elle dit que César est le dieu, et Ptolomée le prêtre. Tout cela est-il bien conséquent? Peut-être encore ce sentiment serait plus digne de Cornélie, si elle ignorait avec quelle grandeur d'âme César a promis de venger la mort de Pompée. N'est-on pas un peu fâché que Cornélie ne parle que de faire tuer César? Ce sont des nuances délicates que les connaisseurs aperçoivent sans en approuver moins la force et la fierté du pinceau de l'auteur.

Vers 26. cendres! mon espoir aussi bien que ma peine.

C'est la répétition de ce vers, objet terrible et tendre: mais aussi bien que ma peine niïiiihUt encore cette répétition, et des cendres qui versent ce qu'un cœur ressent ne sont pas une image naturelle.

Vers 29. Toi qui l'as honoré, sur cette infâme rive, D'une flamme pieuse autant comme cliétive,

n'est ni français ni noble. On ne dit point autant comme, mais autant que. Ce mot de chétive a été heureusement employé au second acte ; dans quelque urne chétive en ramasser la cendre. Le même terme peut faire un bon et un mauvais effet, selon la place où il est. Une urne chétive qui contient la cendre du grand Pompée présente à l'esprit un contraste attendrissant ; mais une flamme n'est point chétive. Ces deux vers que Philippe met dans la bouche de César,

Restes d'un demi-dieu dont à peine je puis Égaler le grand nom, tout vainqueur que j'en suis,

sont d'un sublime si touchant qu'on dit avec raison que Cor- neille, dans ses bonnes pièces, faisait quelquefois parler les Romains mieux qu'ils ne parlaient eux-mêmes.

Vers 49. Et n'y voyant qu'un tronc dont la tête est coupée, A cette triste marque il reconnoit l'ompée.

Una nota est Magno capitis jactura revulsi '.

Vers 83. soupirs! ô respect! ô qu'il est doux de plaindre Le sort d'un ennemi quand il n'est plus à craindre

1. Lucain, Pliars., VIII, 711.

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