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468 REMARQUES SUR POMPÉE.

s'était réduite, dans une pareille scène, à parler seulement avec la bienséance de sa situation, c'est-à-dire à ne pas trop menacer un homme toi que César, à ne se pas mettre au-dessus de lui ; en un mot, si elle n'eût dit que ce qu'elle devait dire, la scène eût été un peu froide. Il faut peut-être, dans ces occasions, aller un peu au delà de la vérité. Une critique très-juste, c'est que tous ces discours de vengeance sont inutiles à la pièce.

Vers 40. Quelque espoir qui d'ailleurs me Tosc ou puisse offrir, Ma juste impatience auroil trop à souffrir.

Un espoir qui ose offrir, et cette alternative d'osc ou puisse, ne sont ni convenables ni justes.

Vers 4i. Je n'irai point chercher sur les bords africains

Le foudre souhaité que je vois en les mains, etc.

11 y avait d'abord le foudre punisseur : punisscur est un beau terme qui manquait à notre langue. Puni doit îom'n'w punisseur, comme vengé fournit vengeur. J'ose souhaiter, encore une fois, qu'on eût conservé la plupart de ces termes qui faisaient un si bel clïet du temps de Corneille ; mais il a mis lui-même à la place le foudre souhaité, épithète qui est bien plus faible.

En tes mains; comment ce foudre souhaité contre César est-il dans les mains de César ^ ? Quelques éditions portent en ses mains; mais en ses mains ne se rapporte à rien.

Vers 46. La tête qu'il menace en doit être frappée;

J'ai pu donner la tienne au lieu d'elle à Pompée.

On ne voit pas d'abord à quoi se rapporte cet au lieu d'elle. C'est à Ptolémée.

Vers 52. Rome le veut ainsi : son adorable front

Auroit de quoi rougir dun trop honteux affront —

U adorable front de Rome qui rougirait! Est-€e ainsi que doit s'exprimer la noble douleur d'une femme profondément affligée? Cela n'est-il pas un peu trop recherché ?

Vers 60. Comme autre qu'un Itomain n'a pu l'assujettir, Autre aussi qu'un Romain ne l'en doit garantir.

Cette antithèse, ce raisonnement, ces expressions, ne sont-elles pas encore moins naturelles?

\. Palissol fait remarquer que ce n'est pas contre César que Cornélie invoque ici la foudre; au contraire, c'est dansles mainsdece même César qu'elle croit déjà voir la foudre menaçant la tJtc de Ptoloméc. et prête à tomber sur cet assassin.

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