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ACTE IV, SCÈNE III. 4G3

Vers 1o. Ainsi (jin' la naissance ils ont les esprits bas.

Le mol esprit en ce sens ne peut guère être employé au plu- riel. Il fallait le cœur bas, pour la régularité ; et il l'aut un autre tour pour l'élégance. On pourrait dire:i7 n'ij eut jamais des cœurs plus durs et des esprits jjIus bas; mais non: ils ont les espi-its bas.

Vers 33. Je vous ai maltraitée, et vous êtes si bonne Hue vous me conservez la vie et la couronne.

Est-ce de l'ironie? Mais soit qu'il raille, soit qu'il parle sérieu- sement, il s'exprime en termes bien bas, ou du moins bien familiers.

Vers 35. Vainquez-vous tout à fait, etc. et plus bas :

?»Iais il a su gauchir.

Et tournant le discours sur une autre matière, elc.

Toutes expressions qu'on doit éviter; elles sont trop familières, trop comiques.

Vers 43 César cherche à vous plaire ;

Vous pouvez (l'un coup d'œil désarmer sa colère.

Rien n'est plus petit et plus désagréal^Ie au théâtre qu'un roi qui prie sa sœur d'intercéder auprès de son amant, pour qu'on ne perde pas ses ministres.

SCÈNE iir.

L'amour régna toujours sur le théâtre de France dans Jes pièces qui précédèrent celles de Corneille, et dans les siennes. Mais, si vous en exceptez les scènes de Chimène, il ne fut jamais traité comme il doit l'être. Ce ne fut point une passion violente, suivie de crimes et de remords ; il ne déchira point le cœur, il n'arracha point de larmes. Ce ne fut guère que dans le cinquième acte (VAndromarpic, et dans le rôle de Phèdre, que Racine apprit à l'Europe comment cette terrible passion, la plus théâtrale de toutes, doit être traitée. On ne connut longtemps que de fades conversations amoureuses, et jamais les fureurs de l'amour.

Cette scène de César et de Cléopàtre est un des plus grands exemples du ridicule auquel les mauvais romans avaient accou-

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