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CXVII. — La création du monde commençant à s’éloigner, Dieu a pourvu d’un historien[1] contemporain. P.

Contemporain : ah ! V.

CXVIII. — Moïse était habile homme, cela est clair. Donc, sil eût eu dessein de tromper, il eût fait en sorte qu’on n’eût pu le convaincre de tromperie. Il a fait tout le contraire : car s’il eût débité des fables, il n’y eût point eu de Juif qui n’en eût pu reconnaître l’imposture. P.

Oui, s’il avait écrit en effet ses fables dans un désert pour deux ou trois millions d’hommes qui eussent eu des bibliothèques ; mais si quelques lévites avaient écrit ces fables plusieurs siècles après Moïse, comme cela est vraisemblable et vrai…

De plus, y a-t-il une nation chez laquelle on n’ait pas débité des fables ? V.

CXIX. — Au temps où il écrivait ces choses, la mémoire devait encore en être toute récente dans l’esprit de tous les Juifs. P.

Les Égyptiens, Syriens, Chaldéens, Indiens, n’ont-ils pas donné des siècles de vie à leurs héros, avant que la petite horde juive, leur imitatrice, existât sur la terre ? V.

CXX. — Il est impossible d’envisager toutes les preuves de la religion chrétienne, ramassées ensemble, sans en ressentir la force, à laquelle nul homme raisonnable ne peut résister.

Que l’on considère son établissement : qu’une religion si contraire à la nature se soit établie par elle-même, si doucement, sans aucune force ni contrainte, et si fortement néanmoins qu’aucuns tourments n’ont pu empêcher les martyrs de la confesser ; et que tout cela se soit fait non-seulement sans l’assistance d’aucun prince, mais malgré tous les princes de la terre, qui l’ont combattue. P.

Heureusement il fut dans les décrets de la divine Providence que Dioclétien protégeât notre sainte religion pendant dix-huit années avant la persécution commencée par Galérius, et qu’ensuite Constancius le Pâle, et enfin Constantin, la missent sur le trône. V.

CXXI. — Les philosophes païens se sont quelquefois élevés au-dessus du reste des hommes par une manière de vivre plus réglée, et par des sentiments qui avaient quelque conformité avec ceux du christianisme ; mais

  1. Unique.