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ACTE V, SCÈNE III. 413

Vers 22. Apprends d'elle à forcer Ion propre senliinent. Le mot propre est dompter.

Vers 28. Ne désespère pas une âme qui tadore.

Comment Pauline peut-elle dire qu'elle adore Polyeucte? Elle

lui donne prtr devoir et par affection tout co que Tautre avait par i)tcUnation. Mais l'adorer, c'est trop ; certainement elle ne l'adore pas.

Vers 30. Vivez avec Sévère, ou mourez avec moi.

Cette troisième apostrophe, cet empressement extrême de lui donner un mari, ne paraissent pas naturels. Tout cela n'em- pêche pas que cette scène ne soit écoutée avec un grand plaisir. L'obstination de Polyeucte, sa résignation, son transport divin, plaisent beaucoup. Ceux qui assistent au spectacle étant per- suadés, pour la plupart, des vérités qui enflamment Polyeucte, sont saisis de son transport : ils ne sont pas fort attendris, mais ils s'intéressent à la situation.

Vers 32. Mais de quoi que pour vous notre amour m'entretienne, Je ne vous connois plus si vous n'êtes chrétienne.

De quoi que notre amour m'entretienne pour vous. Ce vers est un barbarisme. Un amour qui entretient, et qui entretient pour ! et de quoi qu'il entretienne! Il n'est pas permis de parler ainsi.

Vers 37. Mais s'il est insensé, vous êtes raisonnable. Ce vers est du style de la comédie.

Vers 46. . . . Elle changera, par ce redoublement, En injuste rigueur un juste châtiment.

Il est triste que redoublement ne puisse se dire en cette occa- sion ; le sens est beau. Mais on n'a jamais appelé redoublement la mort d'un mari et d'une femme.

Vers 52. Un cœur à l'autre uni jamais ne se retire.

Ces maximes générales conviennent peu à la douleur. C'est là parler de sentiments; ce n'est pas en avoir. Comment se peut-il que cette scène ne fasse jamais verser de larmes? N'est-ce point qu'on sent que Pauline n'agit que par devoir, et qu'elle s'efforce d'aimer un homme pour lequel elle n'a point d'amour ? D'ail- leurs, elle parle ici de désunion après avoir parlé de redoublement de mort qui les sépare.

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