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ACTE III, SCENE II. 397

Ébahie ne s'emploie que dans le bas comique ; je crois qu'on a mis à la place :

Je l'aimerois encor, m'eût-il abandonnée; Et si de tant d'amour tu parois étonnée

��Vers 33. Quoi! s'il aimoit ailleurs, sorois-je dispensée

A suivre, à son exemple, une ardeur insensée?

Ce quelle dit ici d'amour n'est-il pas un peu déplacé? Elle doit trembler pour les jours de son mari, et elle demande s'il serait permis de lui l'aire une infidélité. D'ailleurs, dispensée à n'est pas français ; elle veut dire serais-je autorisée à. A suivre une ardeur est un barbarisme ; on ne suit point une ardeur.

Vers 41. Il ne veut point sur lui faire agir sa justice.

Cela n'est pas français ; il faut agir contre lui, ou déployer sur lui.

Vers 32. Il me faut essayer la force de mes pleurs.

Il faut le pouvoir; mais un autre tour serait beaucoup mieux. De plus, doit-elle se préparer ainsi à pleurer ? Les pleurs sont involontaires ; elle aurait dû dire : Il aura peut-être pitié de mes pleurs.

Vers o9. Je ne puis y penser sans frémir à l'instant.

On ne peut remarquer avec trop d'attention ces mots inutiles que la rime arrache. Sans frémir dit tout; à l'instant est ce qu'on appelle cheville.

Vers 73. Ici dispensez-moi du récit des blasplièmes

Je ne répondrai point à cette fausse opinion où l'on est que les Romains adoraient du bois et de la pierre. Il est bien sûr que leur Deus optimus maxirnus, que Deum sator atque hominum rex^ n'était point une statue, et que Polyeucte avait très-grand tort de leur reprocher une sottise dont ils n'étaient point coupables ; mais c'est une opinion commune. Polyeucte était dans cette erreur. Il parle comme il doit parler, conformément aux pré- jugés. La poésie n'est pas de la philosophie, ou plutôt la philo- sophie consiste à faire dire ce que les caractères des personnages comportent.

1. Virgile, Enéide, X, 2 et 743.

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