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REMARQUES

SUR POLYEUCTE

TRAGÉDIE REPRKSENTKE E\ 10431.

��PREFACE DU COMMENTATEUR.

Quand on passe de Ciima à Polyeucte, on se trouve dans un monde tout différent. Mais les grands poètes, ainsi que les grands peintres, savent traiter tous les sujets. C'est une chose assez connue que, Corneille ayant lu sa tragédie de Polyeucte chez 3In,e f|g Ramhouillet, où se rassemblaient alors les esprits les plus cultivés, cette pièce y fut condamnée d'une voix unanime, malgré l'intérêt qu'on prenait à l'auteur dans cette maison. Voi- ture fut député de toute l'assemblée pour engager Corneille à ne pas faire représenter cet ouvrage. Il est difficile de démêler ce qui put porter les hommes du royaume qui avaient le plus de goût et de lumières à juger si singulièrement. Furent-ils persua- dés qu'un martyr ne pouvait jamais réussir sur le théâtre ? C'é- tait ne pas connaître le peuple. Croyaient-ils que les défauts que leur sagacité leur faisait remarquer révolteraient le public ? C'était tomber dans la même erreur qui avait trompé les censeurs ùuCid; ils examinaient le OWpar l'exacte raison, et ils ne voyaient pas qu'au spectacle on juge par sentiment. Pouvaient-ils ne pas sentir les beautés singulières des rôles lîe Sévère et de Pauline ? Ces beautés, d'un genre si neuf et si délicat, les alarmèrent peut- être. Ils purent craindre qu'une femme qui aimait à la fois sou amant et son mari n'intéressât pas ; et c'est précisément ce qui fit le succès de la pièce. On trouvera dans les Remarques quel- ques anecdotes concernant ccjugement de l'hùlel de Rambouillet.

1. Polyeucte est delCiO; lOiSest la date de l'impression.

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