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356 REMARQUES SUR CINNA.

Vers 37. Assez el trop longtemps son exemple vous flatte ; Mais gardez que sur vous le contraire n'éclate,

n'exprime pas assez la pensée de l'auteur, ne forme pas une image assez précise. Le contraire d'un exemi)le ne peut se dire.

Vers o3. Vous m'aviez bien jiromis des conseils d'une femme, Vous me tenez j)arole : et c'en sont là, madame.

Corneille devait d'autant moins mettre un reproche si injuste et si avilissant dans la Louclie d'Auguste que cette grossièreté est manifestement contraire à l'histoire. Uxori gratias egit, dit Sénèque le Philosophe, dont le sujet de Cinna est tiré.

Vers 56. Depuis vingt ans je règne, et j'en sais les vertus.

Les vertus de régner est un harharisme de phrase, un solécisme : on peut dire les vertus des rois, des capitaines, des magistrats, mais non les vertus de régner, de combattre, déjuger.

Vers 61. Une offense qu'on fait à toute sa province.

Dont il faut qu'il la venge ou cesse d'être prince.

La rime de jjrince n'a que celle de province en substantif : cette indigence est ce qui contribue davantage à rendre souvent la versification française faible, languissante, et forcée. Corneille est obligé de mettre toute sa province, pour rimer à prince; et toute sa province est une expression bien malheureuse, surtout quand il s'agit de l'empire romain.

Vers 67 Je ne vous quitte point,

Seigneur, que mon amour n'ait obtemi ce point.

Ce mot point est trivial et didactique. Premier point, second point, point principal.

Vers 69. C'est l'amour des grandeurs qui vous rend importune

augmente encore la faute qui consiste à faire rejeter par Auguste un très-bon conseil qu'en effet il accepte,

SCÈNE V.

É Jl 1 L I E , F U L V I E .

La scène reste vide ; c'est un grand défaut aujourd'hui, et dans lequel même les plus médiocres auteurs ne tombent pas. Mais Corneille est le premier qui ait pratiqué cette règle si belle et si

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