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ACTE III, SCÈNE IV. 349

Vers 80. Il abaisse à nos pieds l'orgueil des diadèmes;

11 nous fait souverains sur leurs grandeurs suprêmes.

Il faut remarquer les plus légères fautes de langage. On est souverain de, on n'est pas souverain sur, encore moins souverain sur une grandeur; mais ce qui est bien plus digne de remarque, c'est que le second vers n'est qu'une faible répétition du premier.

Vers 85. Pour ôtre plus qu'un roi, tu le crois quelque chose ^

Ce beau vers est une contradiction avec celui que dit Auguste au cinquième acte :

Qu'en te couronnant roi je l'aurois donné moins.

Ou Emilie ou Auguste a tort-. Il n'est pas douteux que le vers d'Emilie étant plus romain, plus fort, et même étant devenu proverbe, ne dût être conservé, et celui d'Auguste sacrifié; mais il faut surtout remarquer que ces byperboles commencent à dé- plaire, qu'on y trouve même du ridicule, qu'il y a une distance infinie entre un grand roi et un marchand de Rome; que ces exagérations d'une fille à qui Auguste fait une pension révoltent bien des lecteurs, et que ces contestations entre Cinna et sa maîtresse sur la grandeur romaine n'ont pas toute la chaleur de la véritable tragédie.

Vers 86. Aux deux bouts de la terre en est-il un si vain Qu'il prétende égaler un citoyen romain?

Il y avait :

Aux deux bouts de la terre en est-il d'assez vain Pour prétendre égaler un citoyen romain?

Vers 90. Attale, ce grand roi, dans la pourpre blanchi. Qui du peuple romain se nommoit l'affranchi, Quand de toute l'Asie il se fût vu l'arbitre, Eût encor moins prisé son trône que ce titre.

Cet exemple du roi Attale serait peut-être plus convenable dans un conseil que dans la bouche d'une fille qui veut venger son père. Mais la beauté de ces vers et ces traits tirés de l'histoire

1. Voyez aussi sur ce vers, tome XIX, page 47.

2. « Ce vers, remarque avec raison Palissot, serait en contradiction avec l'autre si Corneille les eût places tous deux dans la bouche du même person- nage ; mais il convient à Emilie républicaine de parler avec mépris des rois, et Auguste doit croire qu'il est glorieux de régner, puisqu'il a tant sacrifié à cette ambition. »

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