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340 REMARQUES SUR CLNNA.

tiendra pas contre un tel l)i(,'iil'ail. Maxime surtout n"a nulle raison de penser le contraire, puisqu'il ne sait point encore si Emilie cède ou non à la bonté d"Auj;uste; et Cinna peut i)enser qu'Emilie sera touchée comme il commence lui-même à l'être. Cinna doit sans doute l'espérer, et Maxime doit le craindre. II doit donc dire : Emilie sera à lui, soit qu'il cède aux bienfaits d'Auguste, soit qu'il l'assassine.

Vers 5. Je ne m'étonne plus do cette violence,

Dont il contraint Auguste à garder sa puissance.

Le mot de violence est peut-être trop fort, Cinna a étalé un faux zèle, une fourbe éloquente : est-ce là de la violence ?

Vers 7. La ligue se romproit s'il s'en étoit démis.

On se démet d'une charge, d'un emploi, d'une dignité; mais on ne se démet pas d'une puissance. L'auteur Aeut dire ici que la ligue se dissiperait si Auguste renonçait à l'empire. Mais ce vers fait entendre si Cinna s'était démis de cette ligne, parce que cet // tombe sur Cinna. C'est une faute très-légère.

Vers 9. Ils servent à i'envi la passion diin hoiiune... Il y avait abusés, on a substitué à l'cnvi.

Vers 13. Vous êtes son rival ! — Oui, j'aime sa maîtresse, Et l'ai caché toujours avec assez d'adresse.

Ces vers de comédie, et cette manière froide d'exprimer qu'il est rival de Cinna, ne contribuent pas peu à l'avilissement de ce personnage. L'amour qui n'est pas une grande passion n'est pas théâtral.

Vers 2i . Que l'amitié me plonge en un malheur extrême!

Ni son amitié ni son amour n'intéresse. J'ai toujours remarqué que cette scène est froide au théâtre; la raison eu est que l'amour de Maxime est insipide. On apprend au troisième acte que ce Maxime est amoureux. Si Oreste, dans Andromaque, n'était rival de Pyrrhus qu'au troisième acte, la pièce serait froide. L'amour de Maxime ne fait aucun elTet, et tout son rôle n'est que celui d'un lâche sans aucune passion théâtrale.

Vers 24. Gagnez une maîtresse accusant un rival.

Il semble, par la construction, que ce soit Emilie qui accuse : il fallait en accusant pour lever l'équivoque; légère inadvertance qui ne fait aucun tort.

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