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338 UEMAUnUl-S SUR GINXA.

Octave pour un simple repentir : il n'y a nulle lâcheté à sentir, au coml)le de la gloire, des remords de toutes les violences com- mises pour arriver à cette gloire.

Vers 22. S'il n'eût puni César, Auguste eût moins osé.

Maxime veut retourner le beau vers de Ginna : sll rut puni Sylla, César eut moins osé, et répondre en écho sur la même rime; il dit une chose qui a besoin d'être éclaircie. Si César n'eût pas été assassiné, Auguste, son fils adoptif, eût été bien plus aisé- ment le maître, et beaucoup plus maître. Il est vrai qu'il n'y eût point eu de guerre civile, et c'est par cela même que l'empire d'Auguste eût été mieux affermi, et qu'il eût osé davantage. 11 est vrai encore que, sans le meurtre de César, il n'y eût point eu de proscriptions. Il reste donc à discuter quelle a été la véri- table cause du triumvirat et des guerres civiles. Or il est indubi- table que ces dissertations ne conviennent guère à la tragédie. Quoi ! après ces vers : Mais je le retiendrai pour vous en faire part....

Je vous donne Emilie Cinna disserte! il n'est pas troublé, et il

le sera ensuite! Quel est le lecteur qui ne s'attend pas à de vio- lentes agitations dans un tel moment? Si Cinna les éprouvait, si JMaxime s'en apercevait, cette situation ne serait-elle pas plus naturelle et plus théâtrale? Encore une fois, je ne propose cette idée que comme un doute; mais je crois que les combats du cœur sont toujours plus intéressants que des raisonnements poli- tiques, et ces contestations, qui au fond sont souvent un jeu d'es- prit assez froid. C'est au cœur qu'il faut parler dans une tra- gédie.

Vers 49. !\I;iis quand j'aurai vengé Rouie des maux soufferts, Je saurai le braver jusque dans les enfers.

L'esprit de notre langue ne permet guère ces participes; nous ne pouvons dire des maux soufferts, comme on dit des ))iaux passés. Soufferts suppose par quelquhin ; les maux qu'elle a soufferts : il serait h souhaiter que cet exemple de Corneille eût fait une règle; la langue y gagnerait une marche plus rapide.

Vers 52. Je veux joindre à sa main ma main ensanglantée, L'épouser sur sa cendre...

Cet affermissement de Cinna dans son crime, cette fureur d'épouser Emilie sur le tombeau d'Auguste, cette persévérance dans la fourberie avec laquelle il a persuadé Auguste de ne point abdiquer, ne font espérer aucun remords; il était naturel

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