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252 REMARQUES

REMARQUES

SUR LES SENTIMENTS DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE

SIR LA TRAGI-COMÉDIE I) U CID.

Ce jugement de l'Académie fut rédigé par Chapelain ; il est écrit tout entier de sa main, et l'original est à la Bibliothèque du roi ^

Il n'est pas croyable qu'un plaisir puisse être contraire au bon sens, si ce n'est le plaisir de quehiue goût dépravé, comme est celui qui fait aimer les aigreurs et les aiiierlunies, etc.

Le goût des aigres et des amers n'est pas contraire au bon sens, mais au goût général.

U n'est pas question de plaire à ceux qui regardent toutes choses avec un œil ignorant ou barbare, et qui ne seroient pas moins touchés de voir affliger une Clytemnestre qu'une Pénélope, etc.

Il n'y a personne qui puisse s'attendrir pour Clytemnestre, quand elle est donnée pour la meurtrière de son époux : il ne faut pas apporter des exemples qui ne sont pas dans la nature.

Si quelques pièces régulières donnent peu de satisfaction, il ne faut pas croire que ce soit la faute des règles, mais bien celle des auteurs, dont le stérile génie n'a pu fournir à l'art une matière qui fût assez riche.

On devrait dire une forme assez belle.

Car le nœud des pièces de théâtre étant un accident inopiné, etc.

Ce nœud n'est pas toujours un accident inopiné ; souvent il est formé parles combats des passions. Cette manière est la plus heureuse et la plus difficile.

Tant y a qu'il so fait avec surprise, etc.

Tant y a est devenu une expression basse, et ne l'était point alors.

1. Ce que l'on conserve à la Bibliothèque du roi, écrit de la main de Chape- lain, est la première rédaction, ou, pour employer les expressions de Pellisson, un premier crayon ; c'est un cahier in-i" de soixante-quatre pages. La dernière est blanche, ainsi que la moitié de l'avant-dernière. Il y a des apostilles de la main du cardinal de lUchelieu. (B.)

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