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4^ DERNIÈRES REMARQUES

reclierclier avec tant de soin la source de tous les défauts de nos raison- nements. P.

Locke, le Pascal des Anglais, n'avait pu lire Pascal. îl vint après ce grand homme, et ces pensées paraissent, pour la première fois, plus d'un demi-siècle après la mort de Locke. Cependant Locke, aidé de son seul grand sens, dit toujours : Définissez les termes. V.

XXVF. — C'esi de cette sorte que la 1oi,m(iuo a peut-rtre emprunté les règles de la géométrie sans en comprendre la force; et ainsi en les mettant à l'aventure parmi celles qui lui sont propres, il ne s'ensuit pas de là qu'ils aient entré dans l'esprit de la géométrie; et s'ils n'en donnent pas d'autres marques que de l'avoir dit en passant, je serai bien éloigné de les mettre en parallèle avec les géomètres, qui apprennent la véritable manière de con- duire la raison.

Je serai au contraire bien disposé à les en exclure, et presque sans retour : car de l'avoir dit en passant sans avoir pris garde que tout est renfermé là-dedans, et au lieu desuivrc ces lumières, s'égarer à perte de vue après des recherches inutiles pour courir à ce qu'elles offrent et qu'elles ne peuvent donner, c'est véritablement montrer qu'on n'est guère clairvoyant, et bien moins que si l'on n'avait manqué de les suivre que parce qu'on ne les avait pas a])erçues. P.

Qui, les? C'est sans doute les règles de la géométrie dont il veut parler \ V.

XXVn. — La méthode de ne point errer est recherchée de tout le monde. Les logiciens font profession d'y conduire. Les géomètres seuls y arrivent; et hors de leur science et de ce qui l'imite, il n'y a point de véritables démonstrations: tout l'art en est renfermé dans les seuls préceptes que nous avons dit. Ils sufhsent seuls, ils prouvent seuls; toutes les autres règles sont inutiles ou nuisibles.

Voilà ce que je sais par une longue exjiérience de toute sorte de livres et de personnes.

Le défaut d'un raisonnement faux est une maladie qui se guérit par les deux remèdes indiqués^. On en a composé un autre d'une infinité d'herbes inutiles, où les bonnes se trouvent enveloppées, et oiî elles demeurent sans effet par les mauvaises qualités de ce mélange.

Pour découvrir tous les sophismes et toutes les éijuivoques des raison- nements captieux, ils ont inventé des noms barbares qui étonnent ceux qui les entendent; et au lii'u (]u'on ne peut débrouiller tous les replis de ce

��1. An lieu de lire dans le- premier alinéa : // ne s'ensuit, pas de là qu'ils aient entré, lisez : Il ne s'ensuil pas de là que les hr/iciens soient entrés, et l'équivoque cesse. (G. A.)

"2. Texte exact : par ces deux remèdes.

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