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ACTE III, SCÈNE III.


théâtre des personnages nécessaires qui aient des raisons de se parler ; qu’ils m’expliquent tout sans jamais s’adresser à moi ; que je les voie agir et dialoguer : sinon, vous êtes dans l’enfance de l’art.


Scène II.


Vers 31. Pour montrer, sans les voir, son courage apaisé,
  Je te dirai, Nérine, un moyen fort aisé, etc.

Convenons que ce n’est pas un trop bon moyen d’apaiser une femme et une mère que de lui arracher ses enfants, et de lui prendre ses habits. Cette invention de comédie produit une catastrophe horrible ; mais ce contraste même d’une intrigue faible et basse avec un dénoûment épouvantable forme une bigarrure qui révolte tous les esprits cultivés.


Scène III.


Vers 1. Ne fuyez pas, Jason, de ces funestes lieux ;
  C’est à moi d’en partir ; recevez mes adieux, etc.

Cette scène est toute de Sénèque[1]:

Fugimus, Jason ; fugimus : hoc non est novum,
Mutare sedes. Causa fugiendi nova est, etc.
Ad quos remittis, Phasin et Colclios petam ? etc.

Il y a dans ce couplet de très-beaux vers qui annonçaient déjà Corneille. C’est en ce sens, et c’est dans ces morceaux détachés qu’on peut dire, avec Fontenelle, que Corneille s’éleva jusqu’à Mèdèe.

Vers 83. Oui, je te les reproche, et de plus… — Quels forfaits ?
  — La trahison, le meurtre, et tous ceux que j’ai faits.

Médée dit dans Sénèque : Quodcumque feci[2].

Vers 90. Celui-là fait le crime à qui le crime sert.
Tua illa, tua sunt illa : cui prodest scelus
Is fecit[3].
  1. Acte III, vers 447.
  2. Acte III, vers 498.
  3. Ibid., vers 500.