Voilà le germe de ces vers qu’on applaudit autrefois dans Rodogune[1]:
Dont par le doux rapport les âmes assorties, etc.
C’est au lecteur judicieux à décider lequel vaut le mieux de ces deux morceaux. Il décidera peut-être que de telles maximes sont plus convenables à la haute comédie, et que les maximes détachées ne valent pas un sentiment. Cette même idée se retrouve dans la Suite du Menteur[2], et elle y est mieux placée.
Scène VII.
Il est inutile de remarquer combien le rôle d’Ægée est froid et insipide. Une pièce de théâtre est une expérience sur le cœur humain. Quel ressort remuera l’âme des hommes? Ce ne sera pas un vieillard amoureux et méprisé, qu’on met en prison et qu’une sorcière délivre. Tout personnage principal doit inspirer un degré d’intérêt : c’est une des règles inviolables; elles sont toutes fondées sur la nature. On a déjà averti qu’on ne reprend pas les fautes de détail.
ACTE TROISIÈME.
Scène I.
Vers 1. | Malheureux instrument du malheur qui nous presse, |
Que j’ai pitié de toi, déplorable princesse! |
C’est ici un grand exemple de l’abus des monologues, l ne suivante, qui vient parler toute seule du pouvoir de sa maîtresse, est d’un grand ridicule. Cette faute de faire dire ce qui arrivera, par un acteur qui parle seul, et qu’on introduit sans raison, était très-commune sur les théâtres grecs et latins : ils suivaient cet usage parce qu’il est facile. Mais on devait dire aux Ménandre, aux Aristophane, aux Plaute : Surmontez la difficulté ; instruisez-nous du fait sans avoir l’air de nous instruire ; amenez sur le