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SUR LES PENSÉES DE PASCAL. 9

c'est un nommé Toussaint, auteur crun très-i)lat livre sur les Mœurs, qu'on a la sottise de trouver hardi ^ C'est, dans un autre pays, une société de francs-maçons, gens dangereux, qui portent un tablier à table. Il n'y a pas encore longtemps qu'on pendait en Espagne un Juif entre deux chiens ; en France, on tient Arnauld en exil pour la grâce triomphante, et Fénelon, pour l'amour pur. Autrefois on voulut faire brûler à Paris, comme ayant fait pacte avec le diable, les premiers imprimeurs qui ap- portèrent des livres, V,

XIV. — Ainsi le sage doit parler comme le peuple, en conservant cepen- dant une pensée de derrière. C.

Ces décisions de Pascal sont étonnantes, et la pensée de der- rière semble plus d'un jésuite que de Pascal. On en parlera ail- leurs. V.

XV. — Plaignons Pascal d'avoir assez peu senti l'amitié pour croire qu'on peut juger son ami sans prévention, et de n'avoir connu des erreurs des hommes que celles qui les divisent, et non celles qui font qu'ils s'aiment davantage. Les éditeurs n'ont point imprimé la pensée que nous venons de citer- ; elle aurait donné une trop mauvaise idée des amis de Pascal. C.

On sent, en lisant ces lignes, qu'on aimerait mieux avoir pour ami l'auteur de VÉloge de Pascal que Pascal lui-même. V.

XVI. — Cela même devait être un grand avantage aux yeux d'un phi- losophe qui ne voyait dans !a morale humaine aucune base fixe sur laquelle on pût appuyer la distinction du juste ou de l'injuste. C.

Rigida^ virtutis amator, Quaere quid est virtus, et posce exemplar honesti. V.

XVII. — De la maiîière de prouver la vérité, et de l'exposer- aux hommes-^ C.

Ce n'est point ainsi que Pascal avait arrangé ses pensées, car il ne les avait point arrangées du tout ; il les jeta au hasard. Ses amis, après sa mort, les mirent dans un autre ordre: l'auteur de VÉloge les a mises dans un autre, et ce nouvel ordre est plus méthodique. V.

1. Les Mœurs (par F.-V. Toussaint), 1748, trois tomes en un volume in-1-2: ouvrage condamné au feu par le parlement, le 6 mai 1748.

2. C'est celle qui est le sujet de la remarque \ci.

3. C'était le titre que Condorcet avait mis en tète des Pensées, dont il avait composé son article premier.

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