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LETTRE

DE M. HUDE, ÉCHEVIN D'AMSTERDAM'

��ÉCniTE E\" 1020 *.

��( F R A G M E N T. )

Quiconque est dans son ])on sens sait assez que toutes les institutions humaines, soit civiles, soit religieuses, ne peuvent être que l'ouvrage des hommes, et que par conséquent toutes ont changé et changeront. Il n'y a personne d'assez fou parmi nous pour vouloir faire croire que notre stathouder, notre grand-pen- sionnaire, nos bourgmestres, soient établis de droit divin. Je ne crois pas non plus qu'il se trouve un homme assez absurde pour penser que le pédant Gomar, ou le pédant Arminius, ait été in- spiré de Dieu': et si ces deux pédants factieux n'ont été que de misérables disputeurs qui voulaient avoir du crédit, il est bien vraisemblable que tous ceux qui les ont précédés dans tous les pays du monde n'ont pas été plus estimables.

Si toutes les institutions et toutes les opinions humaines ont changé, il est clair qu'elles ne peuvent avoir rien de divin ; il n'est pas moins évident qu'il n'y a aujourd'hui surla terre aucune nation qui n'ait changé plusieurs fois de gouvernement et de re- ligion ; et il est à présumer que celle qui a conservé le plus long- temps et qui conserve encore son ancienne constitution est^ celle dont les principes sont les meilleurs. Les pyramides d'Egypte

1. Ce fragment, que je publie pour la première fois, est écrit de la main de Wagnière. Les cinq mots que j'ai imprimés en italique étaient en interligne, et de la main de Voltaire. (B.)

2. 1080 ? Voyez Siècle de Louis XIV, catalogue des écxivains, article Duhalde. 'S. Gomar enseignait la doctrine de la prédestination, et Arminius celle du

pardon divin pour les repentants. Leur querelle causa des troubles en Hollande au commencement du xvii" siècle. Cette lettre est censée avoir été écrite pendant les troubles, et M. Hude devait probablement conclure qu'il ne faut être ni goma- riste ni remontrant. (G. A.)

4. L'original porte et; mais il est évident qu'il faut ici est. (B.)

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