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4 AVERTISSEMENT.

c'est la Sagesse elle-même qui parle ainsi dans son pi'cmicr cha- pitre des Proverbes (verset 26).t— Voilà un proverbe bien vilain, dit M. de Maisons; vous vous croyez donc la sagesse, parce que vous riez à la mort d'autrui ! Prenez garde qu'on ne rie à la vôtre. »

Ce jeune homme, de la plus grande espérance, a été prophète. On a ri à la mort du jansénisme et du molinisme, et de la grâce concomitante, et de la médecinale, et de la suffisante, et de l'efficace.

Quelle lumière s'est levée sur l'Europe depuis quelques années ! Elle a d'abord éclairé presque tous les princes du Nord ; elle est descendue même jusque dans les universités. C'est la lumière du sens commun.

De tant de disputeurs éternels, Pascal est seul resté, parce que seul il était un homme de génie. Il est encore debout sur les ruines de son siècle.

Mais l'autre génie qui a commenté depuis peu quelques-unes de ses pensées, et qui les a données dans un meilleur ordre, est, ce me semble, autant au-dessus du géomètre Pascal que la géo- métrie de nos jours est au-dessus de celle des Roberval, des Fer- mat et des Descartes.

Je crois rendre un grand service à l'esprit humain en faisant réimprimer cet Éloge de Pascal, qui est un portrait fidèle plutôt qu'un éloge.

11 n'appartenait qu'à ce peintre de dessiner de tels traits. Peu de connaisseurs démêleront d'abord l'art et la beauté du pinceau.

Je joins les pensées du peintre à celles de Pascal, telles qu'il les a imprimées lui-même. Elles ne sont pas dans le même goût; mais je crois qu'elles ont plus de vérité et de force. Pascal est commenté par un géomètre plus profond que lui, et par un phi- losophe, j'ose le dire, beaucoup plus sage. Ce philosophe véri- table tient Pascal dans sa balance, et il est plus fort que celui qu'il pèse.

Après le second paragraphe de l'article III des Pensées, on trou- vera une dissertation attribuée à M. de Fontenelle, sur un objet qui doit profondément intéresser tous les hommes. Je ne crois pas que Fontenelle soit l'auteur d'un ouvrage si mâle et si plein. Ce que je sais, c'est ce qu'il faut le lire comme un juge impartial, éclairé, et équitable, lirait le procès du genre humain.

Ce livre n'est pas fait pour ceux qui n'aiment que les lectures frivoles. Et tout homme frivole, ou faible, ou ignorant, qui osera

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