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point partir Israël... or Mosé avait quatre-vingts ans et Aaron quatre-vingts trois, lorsqu’ils parlerent au pharaon... Mosé et Aaron allerent donc trouver le pharaon, et ils firent comme Dieu avait ordonné. Aaron jetta sa verge, et elle fut changée en serpent. Pharaon ayant fait venir les sages et les magiciens, ils firent la même chose par leurs enchantements. Et le seigneur dit à Mosé : je ne frapperai plus le pharaon et l’égypte que d’une plaie. Dis donc à tout le peuple que les hommes et les femmes demandent à leurs voisins et à leurs voisines tous leurs vases d’or et d’argent... et je mettrai à mort dans le pays tous les premiers-nés depuis le fils ainé de pharaon jusqu’à celui de l’esclave : mais parmi les enfans d’Israël on n’entendra pas même un chien aboier ; afin qu’on voie par quel miracle Dieu sépare Israël de l’égypte [1]. Dieu dit aussi à Mosé et à Aaron : parle à tout le peuple d’Israël, que chacun prépare le dix du mois un agneau par famille ou un chevreau. On les gardera jusqu’au quatorze, et on les mangera le soir avec du pain sans levain et de laitues sauvages... je passerai par l’égypte, et je frapperai de mort tous les premiers-nés des hommes et des bêtes, et je ferai justice de tous les dieux de l’égypte ; car je suis le seigneur. Vous mangerez pendant sept jours du pain azyme. Quiconque mangera du pain levé pendant ces sept jours périra de mort. Vous tremperez une poignée d’hysope dans le sang de

    logiensont répondu, que c’est précisément parce que Dieu est le maître de la nature qu’il accordait aux magiciens égyptiens le pouvoir de disposer de la nature et qu’il bornait ce pouvoir à trois ou quatre miracles. Cette réponse ne satisfait pas les incrédules, parce que rien de tout ce qui est dans ce livre sacré ne les contente. Ils trouvent surtout que pharaon n’était point coupable, puisque Dieu prenait le soin lui-même d’endurcir son cœur. Enfin, ils nient toute cette histoire d’un bout à l’autre... etc. Nous prions Dieu de ne point endurcir leur cœur.

  1. les critiques sont encore plus hardis sur cette partie de l’histoire sacrée que sur toutes les autres. Ils ne peuvent souffrir d’abord, que Dieu recommande si souvent et si expressément de commencer par voler tous les vases d’or et d’argent du pays ; et ensuite, que Dieu, selon la lettre du texte égorge de sa propre main tous les premiers-nés des hommes et des animaux, depuis le fils aîné du roi jusqu’au premier-né du plus vil des animaux. à quoi bon, disent-ils, tuer aussi les bêtes ? Et pourquoi sur-tout les enfans à la mamelle qui étaient les premiers-nés des jeunes femmes ? Pourquoi cette exécrable boucherie exécutée par la main du Dieu du ciel et de la terre ? Le seul fruit qu’il en retire est d’aller conduire et faire mourir son peuple dans un désert. Nous avouons que la faible raison humaine pourrait s’effrayer de cette histoire, s’il fallait s’en tenir à la lettre ; mais tous les peres conviennent que c’est une figure de l’église de Jésus-Christ ; et la pâque, dont nous allons parler, en est une preuve merveilleuse.