C’est ce qu’on appelait, il y a quelques années, la philosophie corpusculaire, la seule vraie philosophie. Ces chimères même ont eu des commentateurs : on croyait qu’un géomètre qui avait donné sur l’optique quelque chose d’assez bon pour son temps ne pouvait jamais avoir tort.
Qu’a-t-on trouvé depuis lui sur la formation de notre globe ?
Voici la découverte d’un philosophe germain[1] dont je vous ai dit quelques mots : c’est l’homme de l’harmonie préétablie, par laquelle l’âme prononce un discours, tandis que le corps, qui n’en sait rien, fait les gestes ; ou bien ce corps sonne l’heure, quand l’âme la montre sur le cadran sans entendre sonner. Il a trouvé par les mêmes principes que l’existence de notre globe avait commencé par un embrasement. Les mers furent envoyées pour éteindre le feu, et tout ce qui était terre ayant été vitrifié, resta une masse de verre. On ne croirait pas qu’un mathématicien eût conçu un tel système : la chose est arrivée pourtant.
Vous m’avouerez qu’on ne peut reprocher à mon Épicure de pareilles facéties. Je vous demandais des vérités, et non des extravagances.
Eh bien donc, je vais encore vous parler du philosophe qui a si bien écrit l’Histoire naturelle de l’homme. Il a fait aussi l’Histoire naturelle de la terre, mais il ne la donne que pour un roman, une hypothèse.
Il suppose[2] qu’une comète, passant un jour sur la surface du soleil...
Comment ! une comète qu’Aristote et mon Épicure ont déclarée exhalaison de la terre ?
Aristote et votre Épicure se connaissaient fort mal en comètes. Ils n’avaient aucun instrument qui pût aider leurs yeux à les voir et à mesurer leurs cours. Les Gaulois, les Cassitérides, les Germains, les peuples voisins de la Grèce, se sont fait des instruments de vérité ; ils ont su par ces instruments que les comètes
- ↑ Leibnitz ; voyez page 504.
- ↑ Buffon, Théorie de la terre, preuves, art. 1er, tome I, page 194.