druides[1] ont éclaté contre mon Étrurien encore plus violemment que contre mon Sarmate : peu s’en est fallu qu’ils ne lui aient fait avaler de la ciguë assaisonnée de jusquiame, comme ces fous d’Athéniens en ont fait boire à Socrate.
Tout ce que vous dites là me pétrifie d’admiration. Pourquoi ne m’en avez-vous pas parlé plus tôt ?
C’est que vous ne me l’avez pas demandé. Vous ne me parliez que des Grecs.
Je ne vous en parlerai plus. Cette Étrurie, qui a de si grands philosophes, a-t-elle aussi des poëtes ?
Elle en a qui me paraîtraient fort supérieurs à Homère, si Homère ne les avait pas devancés de quelques siècles : car c’est beaucoup d’être venu le premier.
Mais ne me direz-vous point pourquoi vos vilains druides ont tant persécuté Leéliga, ce respectable sage d’Étrurie ?
Par la raison qu’ils avaient lu, dans je ne sais quel livre d’Hérodote, que le soleil avait deux fois changé son cours en Égypte[2] : or, s’il avait changé son cours, c’était donc lui qui courait, et non pas la terre. Mais la véritable raison est qu’ils étaient jaloux.
Jaloux ! et de quoi ?
Ils prétendaient qu’il n’appartenait qu’aux druides d’enseigner les hommes, et c’était Leéliga qui les instruisait sans être druide : cela ne se pardonne point. La fureur druidale, surtout, a été extrême quand les vérités annoncées par le grand Leéliga ont été démontrées aux yeux dans une république voisine[3].
Comment ! est-ce dans la république romaine ? Il me semble que jusqu’ici elle ne s’est pas trop piquée d’étudier la physique.
C’est dans une république toute différente de la romaine. Celle