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438 COMMENTAIRE

sénat 1 : do même que ce ne fut point avec la permission du roi que la populace de Paris mangea le cœur du maréchal d'Ancre. Il est bien étrange qu'on dise que Tibère détruisit les mœurs pour conserver les coutumes. Il semblerait qu'un empereur eût introduit la coutume nouvelle de violer les enfants, par respect pour la coutume ancienne de ne les pas faire pendre avant l'âge de puberté.

Cette aventure du bourreau et de la fille de Séjan m'a toujours paru bien suspecte : toutes les anecdotes le sont, et j'ai même douté de quelques imputations qu'on fait encore tous les jours à Tibère, comme de ces spinthrix dont on parle tant, de ces débau- ches honteuses et dégoûtantes qui ne sont jamais que les excès d'une jeunesse emportée, et qu'un empereur de soixante et dix ans cacherait à tous les yeux avec le même soin qu'une vestale cachait ses parties naturelles dans une procession. Je n'ai jamais cru qu'un homme aussi adroit que Tibère, aussi dissimulé, et d'un esprit aussi profond, eût voulu s'avilira ce point devant tous ses domestiques, ses soldats, ses esclaves, et surtout devant ses autres esclaves les courtisans. Il y a des choses de bienséance jusque dans les plus indignes voluptés. Et de plus, je pense que pour un tyran successeur du discret tyran de Rome, c'eût été le moyen infaillible de se faire assassiner,

XLVI.

« Lorsque la magistrature japonaise a obligé les femmes de marcher nues, à la manière des bêtes, elle a fait frémir la pu- deur. Mais lorsqu'elle a voulu contraindre une mère,,, lorsqu'elle a voulu contraindre un fils,,, je ne puis achever : elle a fait frémir la nature même. » (Page 222, liv. XII, chap. xiv.)

Un seul voyageur presque inconnu, nommé F»eyergisbert, rapporte cette abomination, qu'on lui raconta d'un magistrat du Japon ; et il prétond que ce magistrat se divertissait à tourmenter ainsi les chrétiens, auxquels il ne faisait point d'autre mal. Mon- tesquieu se plaît à ces contes ; il ajoute que chez les Orientaux on soumet les filles à des éléphants. Il ne dit point chez quels

1. Tradunt temporis hujiis auctores. C'est un bruit vague qui se répandit dans le temps. Quiconque a vécu a entendu des faussetés plus odieuses, répétées vingt ans entiers parle public. {Note de Voltaire.)

— Les faussetés plus odieuses dont il est question dans cette note sont les accusations contre le duc d'Orléans régent, que Voltaire a toujours repoussées et combattues (voyez tome XIV, page 478, et tome XV, page iih).

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