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420 COMMENTAIRE

faire tous les marchés au uom de la cité et pour la cité, » (Page 41, liv. IV, chap. VI.)

Les Épidamniens étaient les habitants de Dyrrachium, aujour- d'hui Durazzo; des Scytlies ou des Celtes étaient venus s'établir dans le voisinage. Plutarque dit* que tous les ans ces Épidam- niens nommaient un commissaire entendu pour trafiquer au nom de la ville avec ces étrangers. Ce commissaire n'était point un magistrat, c'était un courtier, polétès ; mais qu'importe ? Ceux qui ont critiqué savamment l'Esprit des Lois disent que si on en- voyait un conseiller du parlement faire tous les marchés de la ville de Paris, le commerce n'en irait pas mieux.

Mais quel rapport tant de vaines questions ont-elles avec la législation ? Est-il bien vrai que les Épidamniens aient eu le main- tien des mœurs pour objet? Comment ces barbares auraient-ils corrompu des Grecs? Cette institution n'est-elle pas plutôt l'effet d'un esprit de monopole? Peut-être dira-t-on un jour que c'est pour conserver nos mœurs que nous avons établi la compagnie des Indes. Avouons avec M'"" du DefFant- que souvent l'Esprit des Lois est de l'esprit sur les lois.

XX.

Chapitre vin du livre IV. « Explication d'un paradoxe des anciens par rapport aux mœurs. » Il s'agit de musique et d'amour. (Pages 52 et suiv.)

L'auteur se fonde sur un passage de Polybe, mais sans le citer. Il dit que « la musique était nécessaire aux Arcades, qui habitaient un pays où l'air est triste et froid » ; et il finit par dire que, " selon Plutarque, les Thébains établirent l'amour des gar- çons pour adoucir leurs mœurs ». Ce dernier trait serait un plai- sant esprit des lois. Examinons au moins la musique. Ce sujet est intéressant dans le temps où nous sommes.

Il semble assez prouvé que les Grecs entendirent d'abord par ce mot musique tous les beaux-arts. La preuve en est que plus d'une muse présidait à un art qui n'a aucun rapport avec la mu- sique proprement dite, comme Clio à Phistoire, Uranie à la con- naissance du ciel, Polymnie à la gesticulation. Elles étaient filles de Mémoire, pour marquer qu'en effet le don de la mémoire est le principe de tout, et que sans elle l'homme serait au-dessous des bêtes.

i. Plutarque, Questions grecques, paragraphe 29. 2. Voyez tome XX, page 14; et XXIII, 533.

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