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DU JOURNAL DE POLUriQUE, ETC. 387

porels; comme les couleurs, le chaud, le froid, ne sont pas des attributs essentiels à la matière, mais des qualités dépendantes de la texture et du mouvement de ses particules ».

L'auteur finit par se féliciter d'avoir développé la sensibilité corporelle, la régularité, le désordre du cours des liqueurs, le ressort primitif et organique, l'atonie, la tension moyenne, la rigidité des fibres, la force et le volume des organes : « Toutes causes secrètes, dit-il, de cette singulière harmonie que les philosophes ont observée entre les substances qui composent notre être, et dont aucun encore n'a pu rendre raison. »

Après s'être ainsi remercié de nous avoir découvert les principes cachés de cette influence prodigieuse de rame sur le corps, et du corps sur l'âme, il assure qu'elle a été jusqu'à lui un secret impénétrable.

Cette péroraison est suivie enfin d'une invocation. C'est une marche contraire à celle de tous les ouvrages de génie, et surtout à celle des romans soit en vers, soit en prose. Il invoque l'auteur de la Nouvelle Hèloïse et (TÉmile. « Prête-moi ta plume, dit-il, pour célébrer toutes ces merveilles; prête-moi ce talent enchanteur de montrer la nature dans toute sa beauté ; prête-moi ces accents sublimes » avec lesquels tu as enseigné à tous les princes qu'ils doivent épouser la fille du bourreau si elle leur convient; que tout brave gentilhomme doit commencer par être garçon menui- sier, et que l'honneur, joint à la prudence, est d'assassiner son ennemi au lieu de se battre avec lui comme un sot.

Il est plaisant qu'un médecin cite deux romans, l'un nommé Hèloïse et l'autre Emile, au lieu de citer Boerhaave et Hippo- crate. Mais c'est ainsi qu'on écrit trop souvent de nos jours : on confond tous les genres et tous les styles ; on alfecte d'être ampoulé dans une dissertation physique, et de parler de mé- decine en épigrammes. Chacun fait ses efforts pour surprendre ses lecteurs. On voit partout Arlequin qui fait la cabriole pour égayer le parterre.

III.

iDe la Félicité publique; nouvelle édition. A Bouillon, de rimprimerie de la Société typographique.

Après tant de futilités par souscription ou sans souscription, tant de pièces de théâtre dont il faut rendre compte lorsqu'elles

1. Le livre de la Félicité publique , impi-imé en 1771, dont la seconde édition est de 177G, deux volumes in-8", léimprimé en 1822 avec des not«s de Voltaire,

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