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pharisiens l’étaient évidemment, puisqu’ils trompaient le peuple qu’ils voulaient gouverner.

THÉRAPEUTES.

les thérapeutes étaient une vraie société, semblable à celle des esséniens, établie, en égypte au midi du lac Moeris. On connaît le beau portrait que fait d’eux le juif Philon leur compatriote. Il n’est pas étonnant qu’après toutes les querelles, souvent sanglantes, que les juifs transplantés en égypte eurent avec les alexandrins leurs rivaux dans le commerce, il y en eût plusieurs qui se retirassent loin des troubles du monde, et qui embrassassent une vie solitaire et contemplative. Chacun avait sa cellule et son oratoire. Ils s’assemblaient le jour du sabat dans un oratoire commun, dans lequel ils célébraient leurs quatre grandes fêtes, les hommes d’un côté et les femmes de l’autre, séparés par un petit mur. Leur vie était à la vérité inutile au monde, mais si pure, si édifiante, qu’Eusebe, dans son histoire, les a pris pour des moines chrétiens, attendu qu’en effet plusieurs moines les imiterent ensuite en égypte. Ce qui contribua encore à tromper Eusebe, c’est que les retraites des thérapeutes s’appellaient monasteres. Les équivoques et les ressemblances de nom ont été la source de mille erreurs. Une méprise encore plus singuliere a été de croire les thérapeutes descendants des anciens disciples de Pythagore, parce qu’ils gardaient la même abstinence, le même silence, la même aversion pour les plaisirs. Enfin on prétendit que Pythagore, ayant voyagé dans la Judée, et s’étant fait essénien, alla fonder les thérapeutes en égypte. Ce n’est pas tout : étant retourné à Samos, il s’y fit carme, du moins les carmes en ont été long-temps convaincus. Ils ont soutenu en 1682 des theses publiques à Béziers, dans lesquelles ils prouverent contre tout argumentant, que Pythagore était un moine de leur ordre[1].

HÉRODIENS.

Il y eut une secte d'hérodiens. On dispute si elle commença du temps de ce barbare Hérode, surnommé le Grand, ou du temps

  1. Voyez Basnage, Histoire des Juifs, livre III, chap. vii.